Réchauffement climatique : le nombre de migrants en Europe pourrait tripler d’ici 2100

Selon un récent rapport commandé par la Commission européenne, le réchauffement climatique pourrait multiplier par trois le nombre de migrants arrivant chaque année au sein de l'Union européenne.
Une nouvelle étude, parue jeudi 21 décembre dans la revue Science et commandée par la Commission européenne, met en lumière les effets du changement climatique sur le phénomène migratoire. Selon cette étude, le nombre de demandeurs d’asile dans l’Union européenne (UE) pourrait tripler d’ici à 2100 et atteindre 1,01 million par an, contre « seulement » 351 000 en moyenne durant la période allant de 2000 à 2014.
Les auteurs de l’étude basent leurs prévisions sur une hausse continue et forte des températures, hausse qui affecterait négativement les récoltes des pays de départ des migrants, et notamment les récoltes de maïs. Avant la crise migratoire provoquée par la guerre en Syrie, la hausse des températures avait déjà eu comme effet une hausse du nombre de migrants.
« Myopie des gouvernements »
« Lorsque (la température) dévie de l’optimum de 20 °C pour tendre vers des [moyennes] plus basses ou plus élevées, les demandes d’asile s’accentuent », explique Anouch Missirian, l’un des auteurs du rapport, précisant que « ces effets sont plus visibles en cas d’élévation de la température ». Si la température mondiale augmente jusqu’à 5°C, le nombre de demandes d’asile en UE pourrait exploser de 188%. Si, au contraire, l’augmentation de la température est limitée à 2°C, ces demandes n’augmenteraient que de 28%.
« Dans le premier cas, on se retrouverait en plein scénario catastrophe, avec des hausses de température extrêmes et une explosion démographique qui nous entraînerait dans un monde inconnu, explique encore Anouch Missirian. En tout état de cause, cette interaction entre climat et migration est un sujet sensible, qui doit interpeller le monde politique, au-delà de la communauté des chercheurs. »
Dénonçant la « myopie des gouvernements », « qui font encore la distinction entre les bons réfugiés politiques d’un côté, les méchants migrants économiques de l’autre », l’expert des migrations François Gemenne explique dans les colonnes du quotidien Le Monde que « ceux que l’on qualifie de »migrants économiques » sont aussi des migrants environnementaux ou climatiques ».