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En France, plein gaz sur la valorisation énergétique des déchets

vendredi, 29 décembre, 2017 - 16:46

En métropole et peut-être même davantage dans les territoires insulaires, la valorisation des déchets municipaux en énergie a le vent en poupe, alors que la loi de transition énergétique oblige la France à diminuer ses détritus de 10 % d'ici 2020.

Les fêtes de fin d’année, ce ne sont pas seulement ces moments passés en famille à s’offrir des cadeaux et déguster des mets délicieux, autour d’une table bien garnie et d’un sapin paré de guirlandes et de lumières. Non. Les fêtes de fin d’année, ce sont également des milliers de tonnes de déchets, entre le papier des emballages cadeaux, le carton des jouets, le verre de contenants en tous genres et les restes de nourritures, qui s’entassent dans les poubelles en plus des détritus habituels. On estime que les ménages français produisent ainsi plus de 30 millions de tonnes de déchets par an. Et cette année encore, nous devrions atteindre un joli score de 500 kilogrammes de déchets par tête.

A titre de comparaison, les Danois en produisent près de 800 kg par an tandis que la Roumanie approche les 250 kg par habitant. Les Allemands, quant à eux, dépassent allègrement les 600 kg de déchets annuels. L’Hexagone, dans le ventre mou du classement européen, a prévu de réduire d’ici 2020 sa quantité de détritus de 10 % et de porter leur taux de recyclage à 60 % en 2025. La masse des déchets français a effectivement doublé en 40 ans, atteignant aujourd’hui 345 millions de tonnes ; tandis que la loi de transition énergétique se met doucement en place, la France atteint péniblement les 40 % de recyclage et se positionne là encore en milieu de tableau européen.

Plusieurs vies pour les déchets

Mais une alternative existe : le texte adopté en 2015 prévoit également de valoriser les déchets pour produire de l’énergie. En 2020, 70 % d’entre eux – contre 35 % aujourd’hui – devraient ainsi être récupérés. Comment ? « La valorisation énergétique consiste à récupérer et valoriser l’énergie produite lors du traitement des déchets par combustion ou méthanisation » renseigne l’Agence de l’environnement et de la maitrise de l’énergie (ADEME). « L’énergie produite est utilisée sous forme de chaleur ou d’électricité. […] La valorisation énergétique peut être directe [grâce à] une installation dédiée [ou] différée […] soit par la production d’un combustible solide de récupération, soit par la production d’un gaz ».

Partie intégrante de l’économie dite circulaire, la valorisation énergétique est l’une des réponses à apporter aux problématiques liées aux déchets et aux carences énergétiques. « Les produits sont appréhendés en tant que flux de matière et d’énergie qui sont réinjectés dans des “boucles vertueuses” successives », explique de son côté l’Institut de l’économie circulaire. « Ce qui peut être considéré comme un déchet dans l’économie linéaire dont la seule issue est d’être enfoui ou incinéré peut – dans l’économie circulaire – avoir encore plusieurs vies. » Une philosophie éco-responsable portée non seulement par la France mais également par l’Union européenne (UE).

Le 18 décembre 2017, le Conseil et le Parlement sont parvenus à un accord concernant le « paquet Economie circulaire » de la Commission européenne, qui fixe notamment à 60 % le taux de recyclage des emballages en 2025 et à 70 % en 2030. La mise en décharge se verra quant à elle plafonnée à 10 % en 2035 et les pays européens devront mettre en place une collecte séparée des biodéchets au plus tard le 31 décembre 2023.

Concernant le recyclage des déchets municipaux, le taux sera porté à 65 % en 2035 – et non plus 2030 comme proposé par Bruxelles en 2015. Et déjà, en France, les initiatives s’accumulent pour valoriser ces détritus.

Décollage d’une filière

Il y a quelques jours, Suez – l’une des références tricolores en matière d’économie circulaire – et Tiru, filiale d’EDF-SE dédiée à la valorisation des déchets, ont signé un important contrat (900 millions d’euros) pour l’agrandissement et l’exploitation du centre de traitement de déchets à Créteil (Val-de-Marne). Objectif : renforcer la capacité de production d’énergie à partir de déchets afin d’approvisionner en chaleur « verte » le réseau cristolien d’ici 2020, ainsi qu’en électricité « verte » les communes membres du syndicat mixte intercommunal. Les deux entreprises seront également chargées de réduire l’empreinte environnementale du site grâce à une production d’hydrogène à partir des déchets.

Hydrogène qui devrait par ailleurs servir à… faire rouler des voitures. La technologie est encore balbutiante en France mais se développe petit à petit ; les véhicules électriques à piles à combustible, propulsés par de l’électricité produite à partir d’hydrogène donc, ne rejettent que de l’eau et constituent la prochaine génération de voitures « propres ». En attendant celle des routes « vertes » ? Tiru valorise également chaque année environ 360 000 tonnes de mâchefers – ce résidu issu de la combustion des déchets urbains dans les usines d’incinération – afin de réalisation des sous-couches routières, comme des remblais par exemple.

Et il n’y a pas qu’en métropole que la valorisation des détritus ménagers se met en place. Récemment, la Guadeloupe a inauguré une nouvelle unité de production de biogaz qui devrait produire quelque 18 000 kilowattheures d’électricité par an, soit 1,5 % de la production globale du département. L’installation « incarne le décollage d’une filière qui s’inscrit de plain-pied dans la volonté du territoire d’aller vers l’autonomie énergétique à travers une ressource 100 % locale et 100 % renouvelable », expliquait en novembre 2017 Eric Le Tinier, chef du service Système électrique chez EDF, qui distribue l’électricité sur l’île.

Peut-être plus qu’en métropole, les territoires insulaires sont fortement demandeurs de ces nouvelles solutions, afin de dépendre le moins possible des exportations de déchets vers le « continent ». Et d’être en phase avec les nouveaux standards de production énergétique. On peut d’ailleurs estimer que la valorisation des déchets à de beaux jours devant elle. Pas sûr que les Français renoncent de sitôt aux cadeaux et au faste des fêtes de fin d’année.


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