Le gouvernement va bientôt annoncer un « plan vélo » pour favoriser l’usage de ce mode de transport très écologique. Tant sur le plan des pistes cyclables que des ventes de vélos a assistance électrique, l’Hexagone est loin des résultats de ses voisins du nord.
En attendant la loi d’orientation sur les mobilités, Nicolas Hulot, ministre de la transition économique et solidaire, ainsi que sa ministre déléguée aux transports Elisabeth Borne dévoilent demain matin les engagements de l’Etat en faveur de la mobilité propre et de la qualité de l’air.
Une occasion d’en savoir plus sur « le plan vélo » annoncé depuis des mois, la bicyclette et sa version moderne, le vélo à assistance électrique (VAE), étant sans conteste le moyen de transport le plus écologique.
Sauf surprise, les mesures contenues dans le plan seraient de trois ordres. D’abord une amélioration des itinéraires vélos dans le pays, le schéma national vélo qui court jusqu’en 2030 étant déjà en bonne partie réalisé.
Il s’agirait ensuite, afin de favoriser l’achat de vélos à assistance électrique, de rétablir une aide d’Etat supprimée au début de l’année.
Enfin, mesure qui serait totalement nouvelle en France mais qui existe déjà en Belgique, il est envisagé de rendre obligatoire une indemnité kilométrique actuellement facultative que tous les employeurs peuvent verser à leurs salariés qui viennent travailler en vélo.
Les Néerlandais sont accros au vélo, pas les Français
En matière de pratique du vélo, la France compte parmi les pays européens qui ont délaissé le vélo au profit des véhicules motorisés.
Si l’on considère les personnes déclarant pratiquer le vélo au moins une fois semaine, on constate que les néerlandais dominent largement tous les citoyens de l’Union avec un taux de pratique dépassant les 70%. Large pratique également – à plus de 55% – au Danemark et en Finlande tandis que des pays comme l’Allemagne, la Suède ou la Hongrie pratiquent à environ 45%.
Or, le taux de pratique en France n’est que de 18%, ce qui est inférieur au taux observé en Italie et juste un peu meilleur que celui du Royaume-Uni et en Espagne.
Pistes cyclables : des efforts mais la France reste loin
De par l’étendue, la variété et la ruralité de ses territoires, l’Hexagone apparaît comme un pays idéal pour les balades, voire les voyages en vélos.
Et il faut reconnaître qu’un gros effort a été fait ces dernières années en matière de « voies vertes » – des pistes exclusivement réservées aux cyclistes – ou de « véloroutes » qui sont des couloirs aménagés le long des routes secondaires peu fréquentées. Fin 2017, ces deux types de voies totalisaient plus de 15.000 kilomètres contre moins de 9000 en 2010.
Malgré ces progrès, la France reste bien moins dotée que l’Allemagne et ses 40.000 kilomètre de voies cyclables, soit quatre fois plus de pistes outre-Rhin si l’on tient compte de la superficie des pays.
Le réseau belge est par ailleurs actuellement aussi étendu que le réseau français pour un pays 18 fois plus petit. Quant au Danemark, il fait presqu’aussi bien que la France. Mais le record européen de la densité des voies vertes revient aux Pays-Bas qui, avec leurs 35.000 kilomètres de pistes, affichent une densité trente fois supérieure à celle de la France !
Métropoles « vélophiles » : Copenhague et Amsterdam en tête
Si l’on s’en tient simplement à la longueur des voies cyclables dans les grandes agglomérations, Paris, avec ses 740 kilomètres de piste et ses 25.000 places de stationnement, ne fait pas mauvaise figure face à Copenhague ou Amsterdam et leurs 400 kilomètres de voies.
Mais outre que ces deux villes sont plus petites et moins peuplées, les équipements de la capitale danoise – classée première ville cycliste européenne – sont beaucoup plus performants. En particulier, une majorité de voies cyclables de Copenhague se trouve en « site propre », c’est à dire isolée de la circulation automobile et la ville ne comptera bientôt pas moins de seize ponts réservés aux vélos.
Si Berlin semble un peu distancée par Paris en terme de longueur des voies (avec 600 kilomètres), la capitale allemande est en train de se doter de 100 kilomètres supplémentaires de voies rapides pour vélos et 100 000 places des stationnement pour vélos d’ici à 2025.
Enfin, la plus vélophile des villes françaises – Strasbourg – est presqu’aussi bien équipée que Paris malgré sa dimension très inférieure. Reste qu’en termes de qualité de l’air, ce qui compte, c’est la part modale du vélo dans les transports urbains. Elle n’est que de 5% à Paris contre 13% à Berlin, 22% à Amsterdam et 30% à Copenhague ! Dans la capitale danoise, 60% des habitants qui vont travailler ou étudier le font à bicyclette…
VAE : moins d’achats en France qu’aux Pays-Bas
L’arrivée de l’assistance électrique favorise bien sûr l’usage du vélo dans la mesure où toute une partie de la population peu sportive ou plus âgée n’hésite plus à utiliser la bicyclette pour faire ses courses, se promener ou transporter les enfants.
A cet égard, l’engouement des Français pour le VAE est spectaculaire puisqu’ils ont acheté 255.000 « vélos assistés » l’an dernier, contre 134.000 en 2016, presque deux fois plus en un an.
Cela dit, on n’a fait que dépasser les ventes de VAE de 2017 en Belgique et ces ventes restent supérieures aux Pays-Bas (près de 300.000 machines) pour une population quatre fois inférieure.
Quant à l’Allemagne, les ventes y sont trois fois plus nombreuses qu’en France. Une consolation, l’Italie et surtout le Royaume-Uni font moins bien que l’Hexagone.
En matière de vélos électriques, un des principaux freins à l’acquisition est évidemment le prix qui dépasse les 1000 € en moyenne. D’où l’importance des aides publiques à l’achat qui expliquent le boom des ventes en France en 2017.
Mais la suppression de l’aide d’Etat en 2018 risque de doucher cette année l’enthousiasme des Français. A moins, comme beaucoup l’espèrent, qu’elle ne soit rapidement rétablie.