Laissées pour compte car le VIH concerne surtout les toxicomanes, les prostituées ou les gays, les personnes séropositives russes décèdent sans traitement et sans soutien.
Une épidémie hors de contrôle, c’est pour l’instant la situation de centaines de milliers de personnes séropositives russes qui n’ont pas accès aux traitements VIH et à la prévention. La Fédération de Russie est un des rares pays où l’épidémie continue de progresser. On y compte 1,5 millions de personnes séropositives ou atteintes du sida. Le taux d’infection progresse de 10 à 15% par année.
En 2017 seulement, on y a dénombré 130.000 nouvelles contaminations, en majorité des personnes toxicomanes. 73% d’entre elles sont diagnostiquées, mais seulement la moitié des malades sont sous traitement. 72% d’entre elles ont une charge virale.
La ministre de la santé Véronika Skvortsova a décidé au cours de la 28ème réunion sur la santé de la communauté des Etats indépendants de tourner la page d’un laisser-aller criminel. Les traitements antirétroviraux seront fournis à 75% des patients, un taux qui devrait monter à 90% en 2020. Le pays devrait atteindre ainsi les objectifs 90-90-90 fixés par l’OMS.
Dans l’indifférence
En Russie, la moitié des nouveaux cas de sida surviennent chez ceux qui s’injectent des drogues. Dans le reste du monde, on utilise des traitements de substitution, comme la méthadone, pour sevrer les utilisateurs de drogue. Or, la méthadone est toujours interdite en Russie.
La prévention a des décennies de retard. Les médias parlent peu du problème, les campagnes publiques d’information décrivent la fidélité ou l’abstinence comme les seules options pour combattre le virus. A ce jour, l’Etat considère toujours que le sida est « la maladie des dépravés ».