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Patrimoine immatériel : la France bien traitée par l’Unesco

mercredi, 26 septembre, 2018 - 14:25

La baguette parisienne est candidate à l’inscription au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. Elle pourrait rejoindre le repas gastronomique des Français, l’art du pizzaiolo napolitain, la culture de la bière en Belgique ou le Flamenco.

La baguette parisienne va-t-elle figurer au patrimoine culturel de l’Unesco ? Le Conseil de Paris vient en tout cas d’apporter son soutien à la demande de la confédération de la boulangerie-pâtisserie d’inscrire cette véritable institution française sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture. Une liste qui compte déjà beaucoup de traditions et savoir-faire hexagonaux.

Expressions, pratiques sociales, rituels, savoir-faire…

Tout le monde connaît l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco. Y figurent des centaines de sites naturels, monuments ou quartiers de ville du monde entier dont plus de 400 en Europe. Avec 44 inscriptions, la France y occupe la 4ème place mondiale et la troisième européenne.

Mais en 2003 a été signée une autre convention visant à sauvegarder cette fois le patrimoine culturel immatériel (le « PCI »), autrement dit, des traditions ou expressions, des arts et spectacles, des pratiques sociales, des rituels, des savoir-faire liés à l’artisanat.

Ces activités, souvent peu rentables, sont ainsi mises en avant au niveau international et tirent de cet effet de notoriété des bénéfices très concrets en termes de fréquentation touristique ou de développement commercial.

Elles font également l’objet de rapports réguliers de l’Unesco, ce qui permet d’en suivre l’évolution et de mobiliser éventuellement des financements publics ou privés si elles périclitent ou tendent à se dénaturer.

L’Unesco ne finance que les activités en péril

La plupart d’entre elles figurent dans une « liste représentative » qui n’a pas vocation à être financée par l’Unesco. En revanche, il existe une liste de « sauvegarde urgente » pour les activités en péril.

Celles-ci sont susceptibles de recevoir une assistance financière de l’Organisation tirée d’un fonds spécial actuellement doté de 8 millions de dollars. Mais à cinq exceptions près, l’Europe n’est pas concernée par ces sauvegardes qui s’adressent essentiellement aux pays déshérités.

La France numéro deux en Europe derrière l’Espagne

Contrairement à ce que l’on observe pour le patrimoine physique, la taille du pays joue beaucoup moins en ce qui concerne le patrimoine immatériel.

En Europe, la France se situe néanmoins, avec 15 activités retenues, en deuxième position derrière l’Espagne (16 activités) mais à égalité avec la petite Croatie et pas très loin devant la Belgique (13).

En revanche, comme pour le patrimoine physique, les pays méridionaux ont tendance à être surreprésentés par rapport à l’Europe du nord. Sans doute le signe que les pratiques traditionnelles sont plus fréquentes dans les cultures méditerranéennes.

France : tapisserie, dentelles, gastronomie et… reliques

Dans le patrimoine immatériel déjà inscrit pour la France, on trouve, à côté de l’artisanat d’art traditionnel comme la tapisserie d’Aubusson ou les dentelles d’Alençon, des pratiques ou des savoir-faire plus généraux comme l’équitation de tradition, le compagnonnage ou encore « le repas gastronomique des Français » qui allie recettes de terroir, gradation des saveurs, mariage entre mets et vins et convivialité.

Mais l’on découvre également dans cette liste un événement beaucoup plus spécifique : les « ostensions septennales limousines », termes savants désignant les cérémonies ou processions organisées tous les sept ans en vue de l’exposition des reliques des saints conservés dans les églises du Limousin !

Pain d’épice et pêche aux crevettes à cheval

De pareilles bizarreries se retrouvent évidemment ailleurs en Europe. Ainsi pour la Croatie, qui aligne une liste de pratiques culturelles aussi longue que celle de la France, l’Unesco a inscrit la marche des sonneurs de cloche, la fabrication des jouets en bois pour enfant ou encore l’art du pain d’épice.

Quant à la Belgique, elle a vu consacrer, outre divers processions et carnavals, la « culture de la bière », ce qui n’étonnera personne, mais également quinze marches folkloriques de « l’entre Sambre et Meuse » ainsi que la pêche aux crevettes à cheval !

Pizza, acrobates et siffleurs

Le sud de l’Europe n’est pas en reste. La reconnaissance de « l’art du pizzaiolo napolitain » devrait rendre optimistes les défenseurs de la baguette parisienne.

Mais l’Italie est aussi le pays d’Arlequin qui voit célébrer le théâtre de marionnettes sicilien tandis que le souvenir de Stradivarius a convaincu de couronner « le savoir faire traditionnel du violon à Crémone ».

Pour ce qui est de l’Espagne, le pays de l’Union où les activités et pratiques inscrites à l’Unesco sont les plus nombreuses, on relèvera sans surprise le flamenco, voire la fête des patios de Cordoue.

On est toutefois beaucoup plus intrigué par les pyramides humaines de Catalogne censées symboliser l’équilibre, le courage et le bon sens de la région autonome. Ou encore les tribunaux coutumiers mis en place pour résoudre les conflits d’irrigation.

Mais la palme de l’originalité est la protection accordée au langage sifflé de l’Ile de la Gomera, aux Canaries, qui parvient à si bien faire entendre sur dix kilomètres de distance cinq voyelles et 20 consonnes qu’il est désormais enseigné à l’école !

Ce patrimoine immatériel peu paraître très anecdotique. En fait, la plupart des activités protégées sont « sérieuses ». Pour les autres, il suffit de savoir que la culture est souvent l’expression de l’ingéniosité poétique des humains et qu’elle reflète leur âme.


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