Même si quinze villes françaises vont créer des zones à faibles émissions, la France reste très en retard en la matière. Paris est d’ailleurs dans le bas du classement en termes d’émission de dioxyde d’azote et de particules fines.
La semaine dernière, quinze grandes villes françaises – dont Lyon, Marseille, Nice, Toulouse, ou Rouen – ont annoncé qu’elles allaient mettre en place des zones à faibles émissions avant la fin 2020.
Une initiative prise sous la pression de Bruxelles puisqu’en mai dernier, la commission européenne a saisi la cour de justice de l’Union concernant le non respect par la France (et à vrai dire les autres grands pays) des normes européennes de qualité de l’air.
Surtout, par rapport à ses voisins, l’Hexagone apparaît très en retard en matière de restriction de circulation dans les villes.
Avec ces zones à faibles émissions, il s’agit d’interdire l’accès d’une ville ou d’une partie de ville aux véhicules ne répondant pas à certaines normes anti-pollution, le but étant bien sûr d’améliorer la qualité de l’air.
C’est ce que l’on appelle en Europe les « Low Emission Zones » (abrégé en LEZ) qui ont été mises en places depuis une dizaine d’année. En France, il n’existe actuellement que deux LEZ, à Paris et à Grenoble, mises en place depuis peu.
230 LEZ en Europe, deux en France !
Rien à voir avec ce qui se passe chez nos voisins puisqu’il existe actuellement quelques 230 LEZ en Europe.
Elles sont particulièrement concentrées dans quatre pays ou pratiquement toutes les grandes villes sont concernées : en Italie, on en compte 108, en Allemagne 83, aux Pays-Bas 13 et en Suède 8. On peut ainsi mesurer le retard français en la matière.
Des pratiques diversifiées…
La diversité des zones de faible émission est grande puisque les normes ne sont pas toujours « standardisées » au niveau national. En général, les véhicules autorisés à circuler sont à peu près les mêmes mais certaines villes – comme Londres – restreignent uniquement la circulation des véhicules utilitaires.
En termes de contrôle, Il y a des pays qui imposent une vignette, comme la France, l’Allemagne, la Suède et des pays où les plaques d’immatriculation sont lues électroniquement comme aux Pays-Bas ou au Royaume-Uni.
Et puis, il y a la superficie des zones protégées. Elle peut être réduite comme les 8,5 km2 de la LEZ de Milan ; un peu plus étendue, comme les 40 km2 de Stockholm ou d’Amsterdam, les 85 km de Berlin ou les 105 km de Paris.
Enfin, la surface peut être très vaste, comme à Londres, où 1600 km2 sont protégés. Mais bientôt, 22 km2 du cœur de Londres seront classés en zone d’ultra-basses émissions.
… pour des résultats contrastés
Un peu partout, on observe une baisse marginale des émissions de dioxyde d’azote mais la réduction est beaucoup plus marquée en ce qui concerne le rejet et surtout la concentration des particules fines. Les baisses varient par exemple de 23% à Londres, à 40% à Stockholm et elles atteignent même plus de 60% à Berlin.
Pollution : Paris mal classée
Un récent rapport commandé par Greenpeace à l’institut allemand de Wuppertal analyse les performances de treize capitales européennes du point de vue des émissions les plus nocives mais aussi de l’organisation des différents modes de transport.
En matière de qualité de l’air, il y a les bons élèves que sont les métropoles du nord comme Oslo, Copenhague, Amsterdam, mais aussi Zurich et Vienne. Elles sont notées autour de 14/20.
D’autres cités obtiennent une note autour de la moyenne comme Madrid, Rome, Londres, Berlin ou encore – mais un ton en dessous – Paris. Et puis, il y a un cancre Européen qui est Moscou, très loin derrière.
Tant au niveau des dioxydes d’azote que des particules fines ou ultra-fines qu’émettent essentiellement les chauffages à bois et les véhicules routiers, Paris est vraiment mal classée puisqu’elle s’inscrit à la dizième ou onzième place sur treize. Il faut souligner toutefois que la capitale française, qui abrite peu d’activités industrielles polluantes, se classe beaucoup mieux en matière d’émissions de CO2.
Une organisation modale des transports très variable
On peut limiter les émissions toxiques en restreignant la circulation via les zones de basses émissions mais aussi en favorisant des modes de déplacements peu ou non polluants.
Dans un certain nombre de villes – et pas forcément les plus étendues – le transport individuel motorisé occupe une place importante. C’est très manifeste à Rome où les deux tiers des déplacements se font en voiture ou en deux roues motorisés.
La proportion des déplacements en voiture dépasse les 40% dans des villes comme Moscou et Bruxelles ou n’en est pas loin comme à Londres.
Mais l’on sera peut-être surpris de savoir que la capitale la moins accro à la voiture, c’est Paris, avec seulement 16% de déplacements individuels motorisés.
Beaucoup de marcheurs mais beaucoup d’émissions
Ce paradoxe parisien a deux explications. D’une part, il y a le facteur spatial. La capitale française est très petite en superficie et donc très dense. Tout naturellement, beaucoup de trajets s’y font à pied – plus de 40%. C’est un record et la marche à pied est même plus fréquente qu’à Amsterdam.
D’autre part, il y a un autre facteur plus volontariste : le développement des transports publics – également 40% des déplacements à Paris, sensiblement plus qu’à Berlin, Madrid, Londres et surtout Rome.
Paris pourrait donc être bien classée en matière de pollution mais les transports publics – qui comprennent les taxis – n’y sont pas forcément propres.
Et malgré les efforts récents, le vélo y est toujours peu développé : 3% des déplacements contre autour de 30% à Amsterdam et Copenhague et 13% à Berlin.