Libération animale, véganisme, recherche d’une alimentation plus saine, tout concourt à décourager la consommation de viande. Celle-ci diminue de fait en Europe – mais peu en France – malgré les habitudes alimentaires très diverses chez nos voisins.
Depuis le début de l’année, plusieurs dizaines de boucheries françaises ont été attaquées, voire vandalisées, par des extrémistes de la cause animale. Et quelques rares faits similaires se sont produits hors de France, dans le sud de l’Angleterre, en Belgique et en Suisse, notamment.
Végétariens, végétaliens, végan
Ce mouvement reste certes marginal. Mais il vient s’ajouter à deux phénomènes sociétaux plus profonds : d’une part, les mises en garde de l’organisation mondiale de la santé sur les effets nocifs d’une consommation excessive de protéïnes contenues tout particulièrement dans la viande.
D’autre part, la montée du végétalisme et de sa version plus radicale, le véganisme, idéologie hostile à toute consommation de produits animaux (leur chair, leur lait, mais aussi le cuir, la fourrure, la cire et toute substance tirée de l’animal).
Ce mouvement est confidentiel en France tout comme sa forme « soft », le végétalisme qui limite ses interdits à la nourriture. On suppose qu’en France, les « végans » ne sont que quelques dizaines de milliers, de l’ordre de 0,15% de la population. Ils sont en revanche plus répandus, de 0,5% jusqu’à 4% en Autriche, Allemagne, Italie, au Royaume-Uni et surtout en Suède ou en Suisse.
Mais les végétaliens et surtout, bien sûr, les végétariens – ceux qui ne renoncent qu’à la chair des animaux – se font de plus en plus nombreux, jusqu’à représenter 10, voire 15% de la population. Ce phénomène a évidemment un impact sur la consommation de viande.
La consommation de viande baisse …
De fait, celle-ci est en déclin en Europe. Une baisse d’environ 17% pour l’UE depuis 2002 et de 7,5% depuis 2011. En 2017, les Européens consomment encore en moyenne un peu plus de 80 kilos de viande par an, contre 95 au début du millénaire.
Des pays comme le Royaume-Uni sont à cette moyenne, d’autres un peu au dessus, autour de 85 kilos comme la France, l’Allemagne, la Pologne. Des Etats aussi différents que le Danemark ou l’Espagne sont de gros consommateur de viande, 95 kilos et au delà. Et puis d’autres sont au contraire plutôt « light » en nourriture carnée, en particulier l’Italie dont les habitants n’ingèrent pas plus de 75 kilos par an.
… surtout en Italie, Allemagne et Belgique
L’Italie a d’ailleurs vu baisser sa consommation de viande de huit kilos en six ans. Ce n’est pas un hasard car les végétaliens et surtout les simples végétariens y sont nombreux.
Notre voisin allemand a également fortement diminué sa consommation, de dix kilos. Mais rien n’égale la performance de la Belgique qui, depuis 2011, est passée de la catégorie des gros consommateurs de viande – 100 kilos – à une consommation très raisonnable, moins de 74 kilos.
En revanche, la France fait partie de ces pays où la quantité de viande consommée n’a guère bougé (ou à la marge) en six ans. Il faut dire que les végétariens n’y sont pas légion.
Français et Suédois amateurs de bœuf
Le climat et surtout des traditions culinaires extrêmement différenciées de l’Europe ont débouché sur des consommations de viandes assez divergentes.
On ne surprendra sans doute personne en disant que les Français sont parmi les plus grands amateurs de viande de bœuf du continent – même si, à 22 kilos par an, ils en consomment moins que le porc.
Plus étonnant, les Suédois et, dans une moindre mesure les Danois, sont également de grands amateurs de bœuf. Ils en dégustent beaucoup plus que les Allemands ou les Italiens, sans parler des Espagnols qui en ingèrent annuellement moins de 8 kilos, à l’instar des pays d’Europe centrale.
Le porc a la cote au Nord, à l’Est et en Espagne
Polonais et Autrichiens mais aussi les Néerlandais ingèrent tous allègrement plus de 50 kilos annuels de viande porcine alors que les Français se contentent de 32 kilos.
Et si les Italiens sont encore plus réservés sur le cochon, c’est tout le contraire en Espagne où une surconsommation de jambon et de saucissons divers les fait ingérer autant de porc que les Polonais !
Beaucoup de volailles…
On trouve encore, chez les bouchers (au sens large), des volailles dont la consommation, dans de nombreux pays, a eu tendance à s’accroître ces dernières années. Tout le monde en mange volontiers, mais les plus accros aux poulets et autres dindes restent les Britanniques.
… et peu de moutons
Des Britanniques qui adorent aussi le mouton et l’agneau puisqu’ils en mangent deux fois plus que les Français et les Espagnols et quatre fois plus que tous les autres pays. Mais la consommation de la viande ovine, qui reste chère et plus spécifique, est assez confidentielle. Même nos amis anglais n’arrivent pas à en ingérer cinq kilos dans l’année.