En France, comme dans beaucoup de pays européens, les partis écologistes voient leur audience diminuer depuis quelques années. Allemagne et Bénélux font cependant exception. Les Verts ne participent pratiquement plus à aucun gouvernement.
Alors que s’ouvre, lundi prochain à Katowice, en Pologne, la Cop 24 sur le changement climatique, le président Macron a lancé mardi une grande concertation sur la transition écologique et annoncé des aménagements à la marge de la fiscalité verte, espérant ainsi calmer la fronde des « gilets jaunes » qui perturbe le pays depuis 15 jours.
Pour le parti écologiste EELV, qui dénonce l’absence de mesures d’accompagnement sociales, le compte n’y est pas. A six mois des élections européennes, les Verts français confirment leur stratégie d’opposition ferme vis-à-vis du gouvernement.
Des Verts français en recul depuis 2014…
Une stratégie qui semble leur profiter puisqu’ils sont donnés à présent à 7,5% d’intentions de vote pour les élections européennes de mai 2019 alors qu’on ne leur accordait au début de l’année qu’environ 4%.
Malgré cette amélioration, on est encore en dessous du score écologiste de 9% obtenus lors des Européennes de 2014 et encore beaucoup plus loin des 16% record de 2009.
L’écologie politique en France se remet donc très doucement des déboires électoraux de ces dernières années que lui ont valu ses divisions et ses querelles d’égo. Mais elle n’a pas retrouvé encore sa place parmi les grands courants politiques.
… comme dans six autres pays européens…
Globalement, en Europe, les partis écologistes stagnent ou s’inscrivent en recul. D’abord, au plan électoral, on constate que les mouvements écologistes sont pratiquement absents et, en tout cas très confidentiels, dans la moitié des pays de l’Union.
C’est le cas dans tous les pays de l’Est à l’exception de la Lettonie et de la Hongrie. C’est également le cas en Irlande, en Grèce mais surtout en Italie et en Espagne, ce dernier pays ayant vu le parti « Equo » entrer dans la mouvance libertaire de « Podemos ».
Par ailleurs, les Verts sont en recul par rapport à 2014 dans six pays où ils réalisaient des scores non négligeables. Il s’agit, on l’a vu, de la France, mais également de la Hongrie, du Portugal, de la Lettonie et surtout de la Suède et de l’Autriche où les Verts sont en chute libre.
… dont l’Autriche et la Suède, pourtant rois des renouvelables
Ces deux derniers pays sont pourtant très « écolo-friendly ». L’Autriche utilise 72% d’énergies renouvelables dans sa production d’électricité et la Suède 65%. Pour mémoire, on en est à 19% en France…
En fait le parti de l’environnement suédois, dont le score dépassait 15% en 2014, a pâti de son alliance au gouvernement avec les sociaux-démocrates qui peinent toujours à former un nouveau gouvernement après leur net recul aux élections de septembre dernier. Du coup, les Verts sont tombés à 4% d’intention de vote.
Leur recul est de même ampleur en Autriche (de 14,5 à 4%) où les « Grüne » ont connu beaucoup de conflits internes, un peu comme les Français. En outre, aux élections législatives de l’automne 2017, leurs électeurs ont préféré voter utile pour les sociaux-démocrates en difficulté. Cela n’a servi d’ailleurs à rien…
Belle progression au Bénélux et surtout en Allemagne
En fait, les partis verts progressent seulement dans quatre pays au Nord de l’Europe. Une progression tranquille en Finlande où ils passent de 9 à 12%. Un peu plus forte aux Pays-Bas où ils progressent de 7 à 12%.
Leur poussée en Belgique est plus significative puisque les « Groen » flamands doublent leur score de 7 à 14% et les « écolos » francophones bondissent de 4 à 11%.
Mais la plus belle progression européenne est le fait des Verts allemands qui passent de 10 à 20% car ils bénéficient à fond de l’apport des électeurs à la fois déçus par le SPD et inquiets de la montée des nationalistes. On l’a vu récemment en Bavière.
Notons au passage que, si les performances environnementales de la Finlande sont honnêtes, celles de l’Allemagne sont très moyennes tandis que celles de la Belgique et des Pays-Bas sont franchement mauvaises avec une part des renouvelables de 6 à 8% dans la consommation d’énergie primaire contre 16% pour la France.
On ne saurait évidemment prétendre que plus un pays est loin de l’excellence climatique, plus il vote écologiste. Car ce vote résulte plutôt du jeu politique national, comme on le voit en Allemagne. En revanche, les pays qui ont dépassé de loin leurs objectifs environnementaux sont peut-être tentés de prendre leurs distances avec des partis Verts qui ont déjà « fait le boulot ».
Les Verts ne sont plus au gouvernement…
Autre signe d’un déclin de l’écologie politique en Europe, on constate que les Verts ne participent pratiquement plus à des coalitions gouvernementales en Europe.
Ils ont quitté le pouvoir en Estonie à la suite des récentes élections. En Grèce, ils ne disposent plus, dans le gouvernement dirigé par Syriza, que d’un petit strapontin au secrétariat d’Etat à l’environnement.
En Suède, l’incertitude politique est à son comble et ils ne sont pas assurés de retrouver les six ministères qu’ils dirigeaient jusqu’en septembre au sein du gouvernement social-démocrate.
Finalement, leur ultime bastion européen, c’est le petit Luxembourg où ils détiennent trois portefeuilles importants.
… mais dirigent deux pays
Cela dit, dans ce panorama plutôt sombre, les Verts européens ont au moins une raison de se consoler : deux chefs d’Etat sont issus de leur rang.
Il s’agit du président de Lettonie Raimonds Vejonis ainsi que du président autrichien Alexander van der Bellen. Celui-ci n’est cependant pas à la noce avec un gouvernement droite/extrême droite et un mouvement écologiste en déconfiture !