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Démantèlement et repowering : les autres enjeux de la filière éolienne française

lundi, 31 décembre, 2018 - 13:29

Alors que les objectifs de la France sont conséquents en matière de déploiement éolien, certaines branches de la filière se développent déjà significativement, comme le démantèlement et le repowering. Présentation de ces activités en pleine expansion.

Le 27 novembre 2018, Emmanuel Macron a annoncé lors de la présentation de la très attendue PPE (Programmation pluriannuelle de l’énergie) la volonté de l’État français de tripler la production des éoliennes terrestres et de quadrupler celle du solaire photovoltaïque à l’horizon 2030. Pour y parvenir, le président français s’est dit prêt à investir entre 7 et 8 milliards d’euros par an dans les énergies renouvelables (EnR) sur les 10 prochaines années, contre 5 milliards actuellement. Soucieux de réduire le recours aux sources fossiles, il a également annoncé la mise en service du premier parc éolien en mer français durant le quinquennat, ainsi que le lancement de quatre nouveaux appels d’offres dans cette filière. Mais pour réellement accélérer le développement de l’éolien terrestre en France, un décret a été publié le 1er décembre au Journal officiel visant à supprimer l’étape du Tribunal administratif lors des fréquents cas d’opposition aux projets. Grâce à ce nouveau texte de loi, les délais de traitement des contentieux – et donc de construction des éoliennes – devrait être considérablement réduits. Objectif affiché : rattraper le retard accumulé suite aux nombreux recours enregistrés ces dernières années. Malgré les freins à son essor, le secteur éolien progresse chaque année dans l’Hexagone pour atteindre 5,6 % de l’électricité consommée au niveau national, dont plus de 60 % produits dans les régions Grand-Est, Hautes-de-France et Occitanie. Les 6 600 éoliennes installées sur le territoire placent la France au quatrième rang européen derrière l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne. Avec environ 3 500 km de côtes et un vent qui souffle le plus en Europe derrière la Grande-Bretagne, le potentiel français reste sous-exploité, notamment en raison de la courte durée des parcs (20 ans) et des nombreuses zones d’exclusion pour préserver le patrimoine. Des contraintes qui pourraient bientôt être minimisées avec l’entrée en vigueur des nouvelles mesures gouvernementales pour le développement de la filière…

L’heure est au renouvellement des éoliennes

En pleine croissance, le marché de l’éolien voit certaines de ses activités décoller particulièrement dans les domaines de l’exploitation et de la maintenance. Chez les fabricants, développeurs comme spécialistes, le « repowering » et le démantèlement des parcs répondent à des besoins émergents, alors que les premières installations, implantées à la fin des années 1990 et au début des années 2000, arrivent bientôt en fin d’exploitation théorique. Le repowering, ou renouvellement, consiste à apporter des modifications substantielles sur les dimensions, extensions ou emplacements des éoliennes afin d’augmenter la durée de vie ou la puissance existante. Ce procédé est particulièrement utile dans les zones très ventées, où l’optimisation de la production est la plus rentable. Depuis 2010, cinq parcs français ont ainsi été visés par un tel renouvellement, d’autant plus nécessaire que la puissance moyenne d’une éolienne a doublé entre 2000 et 2017 (1,5 MW contre 3 MW). Avec une croissance annuelle estimée à 20 % entre 2015 et 2035, le marché du repowering est en pleine expansion dans le monde entier, notamment dans les pays où le parc est le plus vieillissant comme l’Allemagne, le Danemark et les États-Unis. Le parc éolien allemand d’Eckolstädt, doté de 11 turbines, a ainsi subi une remise à neuf en 2018 qui a fait passer sa capacité installée de 14,5 MW, lors de son inauguration en 1999, à 34,5 MW actuellement. Suite à cette opération pilotée par EDF Renouvelables, sa production électrique annuelle permet à présent d’alimenter près de 18 500 foyers allemands. La filiale française étudie aujourd’hui de nombreux autres projets de repowering outre-Rhin, où 6 000 éoliennes sont à renouveler d’ici 2020 et environ 1 600 par an entre 2021 et 2026.

Une filière en constante évolution

Pour en arriver là, les parcs doivent passer par une étape qui connaît une expansion potentiellement encore plus grande : le démantèlement, qui consiste à démonter les structures et débarrasser le site de ses équipements, avant un éventuel renouvellement. Là aussi, le marché s’attend à une croissance de 20 % par an jusqu’en 2035. Son coût « relativement faible » et « facile à estimer » avant même la construction d’un parc permet en outre de limiter les risques, un important gage de confiance pour les investisseurs. Preuve du dynamisme du marché de l’éolien : près de 15 000 emplois ont déjà été générés en France, avec une hausse de 15 % par an. « Cette dynamique devrait se poursuivre dans les années à venir, à la fois du fait de la mise en activité de nouveaux parcs et des travaux de maintenance lourde sur les parcs les plus anciens », précise une étude du Commissariat général au développement durable (CGDD) publiée en 2017. Les recruteurs signalent même une pénurie de certains profils spécialisés, comme les chefs de projet et les techniciens de maintenance, dont les compétences sont très recherchées dans cette filière en constante évolution.


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