Si les deux pays s'entendent sur le fond, l'Allemagne et la France divergent sur les priorités. De plus, Londres et Paris se sont élevés contre l'arrêt des exportations d'armes par l'Allemagne vers l'Arabie saoudite.
La tribune du 5 mars écrite par Emmanuel Macron a mis l’accent sur un des sujets de prédilection du président français, qui tente de convaincre ses partenaires européens sur la nécessité d’un Conseil de sécurité des Européens. Or en Allemagne, l’initiative européenne d’intervention ne fait pas l’unanimité car elle est considérée comme un véhicule pour l’interventionnisme français.
On reproche à la France de ne pas écouter les petits pays et de ne pas prendre l’Allemagne au sérieux sur ce sujet. Olivier de France, le directeur de recherche à l’IRIS, rappelle que Paris fait souvent cavalier seul : « On intervient au Mali seuls et quand c’est fait, on demande l’aide des autres. Si on veut vraiment faire l’UE, il faut la faire avec les autres et non pas contre les autres, et donc faire des compromis, écouter et discuter. Paris ne peut pas toujours avoir le dernier mot ».
Une initiative peu populaire
Le Président français fait face à une opinion publique, dans l’Hexagone ou Outre-Rhin, qui n’est pas favorable à une défense européenne commune, ainsi qu’à l’idée d’une armée européenne. Tout d’abord pour des raisons économiques, mais aussi par antiaméricanisme. Les dépenses en défense représentent 1,2% du PIB allemand, très loin des 2% voulus par les Etats-Unis dans le cadre de l’OTAN.
Et le dossier des exportations d’armes, notamment en Arabie saoudite, fait patiner l’entente franco-allemande. L’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, dans le consulat de l’Arabie saoudite à Istanbul, a provoqué le gel des exportations allemandes. Une position que Emmanuel Macron a qualifiée de « naïve ». La France redoute que la décision de Berlin n’entrave le développement à l’export de futurs projets conjoints.