L'écologie est de nouveau brandie par Emmanuel Macron pour se différencier du président américain. En pleine campagne pour les élections européennes, la décision est aussi politique.
Alors que Washington menace de relever les droits de douane sur une série de produits européens pour contrer les aides de l’Union au secteur aéronautique, sans oublier la taxe Gafa française à l’intention des géants du numérique, les tensions se multiplient au sujet de l’ouverture des négociations commerciales entre l’Union européenne et les Etats-Unis. Le conseil de l’Europe en a pourtant approuvé le principe hier, jeudi 11 avril, mais « la France sera possiblement la seule à voter contre » selon l’Elysée.
En effet, le président Emmanuel Macron refuse tout accord commercial avec un pays non signataire de l’Accord de Paris sur le climat. L’Allemagne et les pays du Nord se disent favorables à ces négociations sur les droits de douane des échanges de biens industriels. L’Espagne et la Belgique ont fait connaître leurs préoccupations, mais elles ne sont pas opposées à ces discussions.
« Le compte n’y est pas »
Paris considère que certaines avancées ont été obtenues, comme l’exclusion de l’agriculture du champ des négociations. « Néanmoins, même avec ces améliorations réelles, dans ce contexte nous ne pouvons pas engager de négociations commerciales avec les Américains » selon l’Elysée, pour qui « le compte n’y est pas ». Pour Paris, Washington refuse de réviser ses taxes sur l’acier et l’aluminium et menace d’imposer des taxes sur l’automobile.
Le N°2 de la liste LERM aux européennes et ex-directeur de WWF France, Pascal Canfin, a salué une décision politique forte : « C’est la première fois qu’un chef d’Etat s’oppose à l’ouverture d’une négociation commerciale au nom du climat », s’est-il félicité. Le parti présidentiel espère ainsi grappiller des voix à gauche.