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Comment l’Europe a sauvé ses joyaux du patrimoine

mardi, 23 avril, 2019 - 14:47

L’incendie de Notre-Dame de Paris a suscité une émotion sans précédent et engendré un afflux massif de dons. Dans le passé récent ou lointain, de nombreux chefs d’œuvre architecturaux européens ont été détruits et reconstruits selon des techniques et à des coûts très divers.

Au delà de l’émotion planétaire qu’il a suscité, l’incendie de Notre Dame de Paris soulève un grand nombre de question relatives à la réhabilitation des joyaux du patrimoine architectural mondial.

Des questions ayant trait au type de restauration souhaitable, à la durée des travaux, à leur coût et à leur financement mais également à l’ampleur du traumatisme causé par ces destructions.

A cet égard, il est intéressant de regarder les exemples des catastrophes similaires qui se sont produites dans le passé récent ou plus lointain, non seulement en France mais dans tous les pays européens, notamment en Italie, Allemagne, Royaume-Uni, Espagne ou Pologne.

Notre-Dame : quatrième monument le plus visité au monde

Reste que l’ampleur de l’émotion suscitée par l’incendie de Notre Dame est sans précédent si l’on se réfère à un sinistre ponctuel.

Cela tient à la renommée planétaire de la capitale française et à la fréquentation touristique de sa cathédrale qui, avec 14 millions de visiteurs annuels, occupe la quatrième place mondiale derrière le temple Senso-Ji de Tokyo (30 millions de visiteurs), la Basilique Notre Dame de Guadalupe au Mexique (20 millions) et la Cité Interdite de Pékin (15 millions).

Une célébrité d’autant plus grande aujourd’hui que l’immense résonnance donnée aux évènements par internet et les réseaux sociaux amplifie le phénomène d’émotion collective.

La Fenice, la basilique St François d’Assise, Notre-Dame de Dresde…

Dans les années récentes, d’autres destructions de monuments ont suscité un émoi international, mais de moindre ampleur.

Rappelons-nous l’incendie du théâtre vénitien de la Fenice en 1996, salle d’opéra qui avait vu la création des grands chefs d’œuvre de Verdi ou encore le tremblement de terre qui avait ruiné la ville d’Assise et en particulier sa Basilique St François.

En France, parmi les terribles destructions causées par les guerres mondiales, citons le ravage par les bombes et le feu en 1914 de la Cathédrale de Reims, celle du sacre des rois et, en Allemagne, le bombardement dévastateur, en février 1945, de la ville de Dresde qui pulvérisa notamment l’Eglise luthérienne Notre-Dame, chef d’œuvre de l’art baroque.

La Cathédrale de Nantes, le château de Windsor, Westminster, Varsovie…

En France, dans les années récentes, on peut évoquer l’incendie en 1972 de la Cathédrale St Pierre et St Paul de Nantes, celui du Parlement de Bretagne en 1994 à Rennes et, plus récemment, en 2015, celui de la Basilique St Donatien, encore à Nantes.

Ailleurs en Europe, il y a, en Angleterre, l’incendie du château de Windsor en 1992. Au chapitre des monuments les plus « martyrisés », l’Alcazar de Tolède, incendié une première fois en 1710, ravagé en 1810 par les troupes napoléoniennes, encore détruit par le feu en 1887 et ruiné une nouvelle fois en 1936 par les bombardements des républicains espagnols.

Quant à l’ampleur de l’incendie, n’oublions pas la destruction du Parlement de Westminster en 1834. Enfin, le plus grand ravage patrimonial du XXème siècle fut sans conteste la ruine complète de la ville de Varsovie en 1945 et en particulier celle de son vieux quartier reconstruit à l’identique de 1945 à 1960.

De deux à quarante ans de reconstruction

La durée des chantiers de reconstruction est évidemment très variable en fonction de l’ampleur des travaux. Il aura fallu vingt ans, voire même quarante ans dans le cas de son chateau, pour le Vieux Varsovie, trente ans pour Westminster, onze ans, de 1994 à 2005, pour Notre Dame de Dresde, plus de vingt ans pour la Cathédrale de Reims. Les travaux sur la Cathédrale de Nantes se sont même étalés sur près de 40 ans.

D’autres restaurations ont été plus rapides : deux ans pour la Basilique Saint François d’Assise et pour la Fenice, cinq ans pour Windsor… Reste que le délai de cinq ans évoqué par Emmanuel Macron pour Notre Dame paraît bien court.

Restaurer à l’identique ou innover ?

La reconstruction des structures d’origine en bois n’est pas la plus fréquente. Elle a néanmoins été la solution retenue pour la restauration en cours de St Donatien de Nantes, ainsi que pour le théâtre de la Fenice et le château de Windsor.

On a en revanche opté pour une charpente métallique dans le cas du Parlement de Bretagne et pour des poutrelles de béton en ce qui concerne la Cathédrale de Reims ou celle de Nantes.

Les coûts peuvent varier de un à cent

Le coût de la remise en état de Notre-Dame promet d’être faramineux. Certains évoquent une fourchette de 600 millions à un milliard d’euros. D’autres vont jusqu’à deux, voire trois milliards, soit bien au delà du milliard de dons déjà engrangés.

Cela paraît énorme à l’aune des chantiers récents : 180 millions pour Dresde, 150 millions pour la Cathédrale de Nantes, 55 millions pour la Fenice, 45 millions pour Windsor…

Il est cependant très difficile d’évaluer en équivalent monétaire actuel le coût des énormes chantiers anciens. Sans parler du Vieux Varsovie, inchiffrable, on parle concernant Reims de l’équivalent de « plusieurs centaines de millions d’euros ».

Quant à Westminster, au milieu du XIXème siècle, une tentative d’actualisation du coût de l’édification évoque trois milliards d’euros (correspondant aux deux millions de livres alors déboursés).

Bientôt la pharaonique rénovation de Westminster

C’est toujours moins que les 4 à 7 milliards prévus pour la future rénovation complète du Parlement britannique qui pourrait s’étaler sur plus d’une décennie à partir des années vingt.

En attendant, la vétusté de la plomberie et l’obsolescence des circuits électriques provoquent dans l’immense bâtisse néogothique inondations, insalubrité, afflux de rats et départs de feu à répétition.

La catastrophe de Notre-Dame de Paris pourrait enfin déterminer les membres de la Chambre des Communes à agir vite…


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