Le phénomène de ce que l’on appelle communément les « mères célibataires » s’intensifie en Europe, particulièrement dans les pays du nord et en France. Ces foyers en fragilité font l’objet d’une assistance plus ou moins développée selon les pays. La France est plutôt généreuse dans ce domaine.
Fin avril, lors de sa conférence de presse, le président Emmanuel Macron a affirmé sa volonté de redéfinir une ambition pour la politique familiale en insistant particulièrement sur le sujet des familles monoparentales pour qui, dit-il, « très peu de choses sont faites ».
Ces parents qui élèvent seuls un ou plusieurs enfants – à 85% des femmes en France – sont de plus en plus nombreux, reflet de la libération des moeurs et d’une plus grande fragilité des couples.
En France, des familles monoparentales nombreuses…
Sur dix millions de ménages avec enfants dépendants, l’Hexagone compterait entre 1,8 et 2,5 millions de ménages « unicellulaires ». Une imprécision due au fait que la notion de « famille monoparentale » est plus large que celle de « parents isolés » car elle prend en compte des parents qui vivent eux-mêmes dans leur famille et qui ne sont donc pas « isolés ».
Reste que, pour un parent, élever seul ses enfants représente une lourde charge, ce qui explique que près du tiers des familles monoparentales vivent sous le seuil de pauvreté. D’où bien sûr la nécessité pour la société de les aider.
… qui bénéficient de plusieurs dispositifs
Contrairement à ce qu’affirme Emmanuel Macron, on n’en fait pas « très peu » en France. En Europe, l’Hexagone est considéré comme l’un des pays où la politique familiale est la plus développée.
Allocations familiales, prestation d’accueil du jeune enfant, allocation de rentrée scolaire, aide à la garde d’enfant… les dispositifs sont nombreux pour les parents à bas revenus. A défaut d’un ciblage spécifique, la situation des familles monoparentales est prise en compte dans la fixation des plafonds de revenus conditionnant les aides.
Toutefois, un dispositif les concerne en propre : il s’agit de l’allocation de soutien familial (ASF), de 115 € mensuels par enfant dont le parent ne perçoit pas de pension alimentaire. L’ASF peut être versée de façon provisoire si la pension alimentaire n’est pas versée tandis qu’une agence de recouvrement des pensions tente d’éviter aux mères les procédures judiciaires, mais la procédure est longue et aléatoire.
Le président entend améliorer ce recouvrement en permettant aux caisses d’allocations familiales de prélever les pensions impayées directement sur le compte bancaire du parent défaillant.
Danemark, Royaume-Uni, Suède en première ligne
Quels sont les champions de la monoparentalité en Europe ? L’Institut Eurostat, qui comptabilise les « parents seuls avec enfants », en compare le nombre par rapport à l’ensemble des ménages avec enfants dépendants. La France – avec près de 18% de parents seuls – se situe dans la fourchette haute européenne puisque la moyenne de l’Union est d’un peu moins de 14%.
Mais, en la matière, les disparités sont grandes. Le Danemark est le pays qui compte la proportion la plus grande de parents isolés – près de 24%. Suivent ensuite – autour de 20% – le Royaume-Uni, la Lituanie et la Suède puis – à 17/18% – outre la France, l’Allemagne et la Belgique.
En revanche, les pays du sud de l’Europe n’abritent que 10-12% de familles monoparentales, la proportion tombant même à 5% en Grèce, tout comme d’ailleurs en Pologne.
Prégnance religieuse et divorces
La religion paraît être un facteur explicatif puisque, dans les pays du sud et en Pologne où les parents isolés sont plus rares, les gens déclarent à 70, voire 80% accorder une « place importante » à la religion.
L’Espagne fait cependant exception avec une prégnance religieuse comparable à celle de la France – 37% – mais elle reste un pays où la tradition du mariage est forte puisque 71% des couples avec enfants sont y mariés ou en union civile.
A l’inverse, la prégnance de la religion est faible dans les pays du nord. A signaler également l’importance de la famille où de nombreux parents seuls trouvent refuge dans beaucoup de pays du sud et de l’Est européen.
Dans de nombreux pays, dont la France, les divorcés constituent environ 30% des parents seuls. Cette proportion atteint même 40% en Italie ou en Grèce en dépit d’un faible taux de divorces.
En fait, dans les pays où la religion est prégnante, les gens se marient davantage et conçoivent plus rarement des enfants hors mariage.
Des aides aux revenus, pas forcément spécifiques
Souvent touchés par la précarité, les parents isolés sont éligibles à toute une panoplie d’aides sociales destinées au plus défavorisés.
Y compris au Royaume-Uni où les maternités précoces sont nombreuses et où la prise en charge des frais de garde ou des repas scolaires, voire des bourses d‘études pour mères célibataires sont fréquentes.
En Allemagne, les allocations familiales sont versées au parent isolé dès le premier enfant, des prestations chômage supplémentaires et des allègements fiscaux sont prévus ainsi que des avances en cas de versement irréguliers de pension.
En Italie, la nouvelle politique nataliste offre des subventions pour les crèches et des cartes de crédits pré-payées donnant accès à des rabais dans les magasins d’alimentation ou les pharmacies.
En Espagne, une prime annuelle défiscalisée est versée aux mères seules.
Au Danemark une allocation est versée si le père est décédé ou non identifié. Enfin, en Estonie, les allocations familiales sont carrément doublées pour les parents seuls.
Les dispositifs d’aides aux parents seuls sont donc nombreux en Europe. Mais la France fait partie, avec la Scandinavie, des pays les plus généreux car les montants d’allocation et le nombre de bénéficiaires y sont plutôt élevés.