La Commission européenne pourrait ouvrir la voie à des sanctions financières contre l'Italie, ce qui relance les tensions avec la coalition populiste au pouvoir.
La Commission européenne a envoyé au gouvernement italien, le 29 mai dernier, une lettre lui sommant de s’expliquer sur la dette publique du pays. Ce sujet avait déjà été l’objet de tensions à la fin 2018, mais Rome et Bruxelles avait mis ces discussions entre parenthèses durant la campagne des Européennes pour ne pas attiser un sentiment européen.
Quelques mois plus tard, la situation économique italienne est toujours tendue et le mercredi 5 juin, une étude européenne sur la dette transalpine a été publiée. L’an dernier, cette dette atteignait 132,2% du produit intérieur brut (BIP). Elle était déjà de 131,4% en 2017. La Commission redoute que cette dette s’amplifie, à 133,7% cette année et 135,7% l’année prochaine.
Une procédure pourrait être lancée « pour déficits excessifs au titre de la dette » car l’Italie n’a pas réduit ses dépenses publiques en 2018. Au contraire, Rome a choisi la relance populaire pour favoriser son « budget du peuple ».
Nouveau bras de fer
Une dizaine de pays ont déjà fait l’objet d’une procédure durant la crise financière, mais aucun n’a encore été visé pour sa dette. La coalition populiste au pouvoir à Rome, qui réunit la Ligue et le Mouvement Cinq Etoiles, a très mal réagi aux nouvelles pressions européennes. Matteo Salvini est prêt pour l’affrontement : « Laissez-nous faire ce que demandent les Italiens : moins de taxes et plus d’emplois ».
L’Italie considère cette procédure discriminatoire, et elle n’est d’ailleurs pas encore entérinée. Elle montre le cas de la France, dont le déficit public est légèrement supérieur en 2019 à la fameuse barre des 3%. La France est donc, avec l’Italie, un des rares pays de la zone euro avec une dette qui devrait augmenter en 2019. Mais une étude récente montre qu’elle a gagné en attractivité, faisant même mieux que l’Allemagne, pour la première fois depuis 2009.