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« Smart Ag » : l’Europe, futur leader ?

mercredi, 12 juin, 2019 - 10:32

Cinquante ans après la création de la PAC, l’Union européenne pourrait à nouveau révolutionner l’industrie agricole. Les progrès fulgurants de la Smart Ag (naissance de start-up disruptives, l’arrivée de Galileo et politiques publiques ambitieuses) pourrait rendre le secteur de plus en plus efficace et respectueux de l’environnement.

C’est le premier poste du budget de l’Union européenne, mais jusqu’à quand ? Avec 408 milliards d’euros sur la période 2014-2020, le budget de la politique agricole commune (PAC) pourrait toutefois être réduit d’environ 5 % (à 365 milliards d’euros pour 27 États membres, contre 28 actuellement), si le plan de réduction présenté par la Commission pour la période 2021-2027 devait être adopté. Est-ce la fin d’une « politique porteuse d’enjeux stratégiques de sécurité et souveraineté pour l’Union européenne », comme le craint Paris ?

Pas nécessairement, si l’on en juge par les politiques ambitieuses et innovantes déployées par certains États. Afin de protéger les ressources naturelles et de réduire l’impact écologique, les Pays-Bas ont récemment annoncé la mise en place d’une nouvelle stratégie agricole compatible avec la biodiversité. La nouvelle « Vision de protection des plantes 2030 », adoptée par La Haye, se base sur deux principes : les nouvelles techniques de sélection végétale et l’agriculture de précision (celle-ci existe sous différents termes: « smart ag »), « smart farming »).

L’expression « nouvelles techniques de sélection végétale » désigne les méthodes scientifiques de génie génétique visant à améliorer des caractéristiques naturelles comme la tolérance à la sécheresse et la résistance aux ravageurs. Ces techniques permettent d’obtenir des plantes en imitant des processus de croisement naturels.

« Productivité accrue et diminution des pesticides »

De leur côté, les pratiques d’agriculture de précision permettent d’atténuer le changement climatique par un emploi réduit des pesticides. Ceux-ci sont en effet utilisés de manière ciblée, ce qui permet de minimiser les émissions dans l’environnement tout en assurant la production de récoltes avec peu de résidus.

La possibilité d’une agriculture plus verte est de plus en plus concrète. Comme l’explique Guy Waksman, ingénieur agronome et président de l’EFITA (European Federation for Information Technology in Agriculture), « l’intégration des nouvelles technologies dans les exploitations a ouvert la voie à une productivité accrue et à une diminution des pesticides ».

Pour l’expert, les possibilités ouvertes par les technologies d’analyse et d’aide à la décision par les agriculteurs permettront notamment de réaliser des économies de produits et de carburant tout en réduisant les émissions de CO2.

La RTK (cinématique en temps réel) est une technique de correction du positionnement GPS permettant d’atteindre des niveaux de précision de l’ordre de 2 cm, ce qui permet de guider les tracteurs en évitant les manques et les recouvrements de traitement ou de fertilisation.

L’arrivée du « GPS européen » Galileo, qui atteindra sa pleine opérabilité qu’en 2021, rendra cette agriculture encore plus précise, grâce à une précision de l’ordre du millimètre. De quoi conforter l’avance de l’Europe en la matière ?

Une Smart Ag plus sobre et plus ambitieuse

Au niveau européen, les start-up de l’AgriTech bourgeonnent.

L’arrivée de l’intelligence artificielle, dont le marché appliqué au secteur agricole devrait atteindre 2,5 milliards de dollars d’ici 2025, révolutionnera aussi les pratiques. Pour Gérald Germain, fondateur et CEO de Carbon Bee & Carbon Bee AgTech, les robots agricoles incarnent cette nouvelle voie. « On voit des travaux agricoles qui sont entièrement automatisés par des petits engins qui vont dans les champs… On a une machine qui prend des décisions, qui va aller éventuellement désherber un champ, désherber une parcelle de maraîchage, je trouve ça assez démonstratif de ce que pourrait être l’agriculture de demain », affirme l’entrepreneur.

Spécialisée dans le développement de solutions d’imagerie agronomique pour la santé des plantes, grâce à sa solution reposant sur un capteur hyperspectral couplé à un logiciel basé sur le Deep Learning, Carbon Bee permet de « lutter contre les maladies, de réduire l’usage des intrants et d’avoir un pilotage ultra-précis des cultures ». À l’arrivée, un glissement d’une logique d’épandage vers une logique de « frappe chirurgicale » qui préserve l’environnement et aide la culture à mieux se développer (ce qui, mathématiquement, en augmente le rendement). C’est peut-être cela l’agriculture de demain : une symbiose ambitieuse entre écologie, chimie et nouvelles technologies.


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