Les « populations d’origine étrangère » ont été au centre du débat des dernières européennes. Nombreuses dans des pays comme La France, la Suède, l’Allemagne ou le Royaume-Uni, elles sont plus ou moins bien intégrées et acceptées. L’Hexagone ne brille pas vraiment à cet égard.
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Les dernières élections européennes ont confirmé l’importance des formations populistes et anti-immigration sur le continent qui disposeront de plus de 20% des eurodéputés au Parlement.
Au delà de l’impact sur l’opinion publique de l’afflux de réfugiés en 2014 et 2015, cette réalité politique invite à s’interroger sur l’importance des populations immigrées ou issues de l’immigration dans les différents Etats européens. Et à mesurer leur degré d’intégration dans leurs pays d’accueils respectifs.
Etrangers, immigrés ou résidents d’origine étrangère
Selon la définition de l’OCDE, un « immigré » est une personne résidant dans un pays d’accueil mais née dans un autre pays, que cette dernière ait ou non obtenu la nationalité de son pays hôte.
Selon les données de l’Institut Eurostat pour 2018, et hormis le micro-Etats comme le Luxembourg ou Chypre, c’est l’Autriche qui compte le plus d’immigrés avec plus de 19% de sa population.
Elle est suivie de très près par la Suède (18,5%) mais des pays comme l’Allemagne ou la Belgique ne sont pas loin et accueillent plus de 16% d’immigrés, 13 millions dans le cas de l’Allemagne.
Quant à la France, elle n’occupe à cet égard que la quatorzième place européenne avec un taux de 12,2%, derrière ses voisins néerlandais, espagnols ou britanniques, ces derniers abritant 9,5 millions de personnes nées à l’étranger.
Si l’on ne considère que les immigrés non européens, ce classement change un peu. Avec 9% de résidents nés hors de l’UE, soit près de six millions d’habitants, la France occupe cette fois la dixième place, un peu derrière l’Allemagne et l’Espagne alors que la Suède, à plus de 13%, est classée première.
Mais cette notion d’ « immigré » ne prend pas en compte toutes les populations ressenties comme « non autochtones ». L’OCDE s’est intéressée aux populations non seulement nées à l’étranger mais encore à celles dont un ou deux parents sont eux-mêmes nés à l’étranger. Une notion beaucoup plus large qui change la donne même si elle prend en compte un grand nombre de familles parfaitement intégrées.
Pays de vieille immigration, la France, avec 27% d’habitants issus de l’immigration – soit près de 18 millions de personnes – est seulement devancée par la Suède (31%) mais elle précède cette fois l’Allemagne et le Royaume Uni (23%) et distance l’Italie ou l’Espagne (12 et 13%).
Un rappel toutefois : plus de la moitié de la population issue de l’immigration vivant dans l’Hexagone provient de l’Union européenne, ressortissants dont, a priori, l’intégration se réalise dès la première génération.
Quelle intégration linguistique et éducative ?
Les paramètres explorés par l’OCDE sont nombreux. En premier chef, ils concernent la maitrise de la langue et le niveau d’éducation.
En ce qui concerne la langue, la France obtient le plus mauvais résultat des grandes nations d’immigration de l’UE. Ainsi, le Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves, plus connu sous l’acronyme PISA, indique qu’en France, 45% des enfants de quinze ans nés à l’étranger ont une mauvaise compréhension de l’écrit.
C’est plus que les 33 à 38% d’enfants qui sont dans ce cas en Italie, Allemagne, Suède ou Pays-Bas et beaucoup plus que les 25% observés au Royaume-Uni ou au Danemark.
Pour ce qui est du niveau d’éducation, la France se situe dans la moyenne européenne avec un quart de ses immigrés de niveau universitaire, contre un tiers pour la population totale.
Elle fait même plutôt mieux que ses voisins à l’exception notable du Royaume-Uni ou plus de 50% de la population née à l’étranger va à l’Université, preuve que ce pays attire énormément d’étudiants.
La France, pays discriminant
Une bonne façon de mesurer l’intensité de la discrimination consiste à observer l’écart entre le taux d’emploi des personnes disposant d’un bon niveau d’éducation.
En France, ces diplômés nés à l’étranger sont 13% de moins que les gens nés dans le pays à occuper un emploi. Cet écart n’est que de 11% en Allemagne ou en Suède, de 10% en Italie et en Espagne et seulement de 2% en Angleterre.
L’Hexagone fait également mauvaise figure si l’on regarde la proportion des 15/34 ans issus de l’immigration qui sont, soit déscolarisés, soit sans emploi. Ils sont 25% en France, plus qu’en Italie (20%), qu’au Royaume-Uni (16%) et surtout qu’en Allemagne ou en Suède (10/11%).
Seule l’Espagne, dont on connaît les problèmes de chômage, fait pire avec près du tiers des jeunes issus de l’immigration en danger de désociabilisation.
Les non-européens mal payés en Espagne et en Suède
Si l’on compare le revenu médian de la population née en France avec celui des non européens nés à l’étranger, on constate qu’il est inférieur de 36% pour cette catégorie d’immigrés.
Cet écart de revenu est moins fort en Allemagne (29%) et surtout au Danemark et aux Pays-Bas (23 à 26%). En revanche, l’Italie ne fait guère mieux que la France à cet égard tandis que l’Espagne, mais aussi de façon assez inattendue la Suède, affichent un écart nettement plus élevé de 44%.
Il faut dire que dans ces deux derniers pays, plus de la moitié des immigrés n’ont qu’une formation de niveau primaire.
Intégration : la France à la traine, le Royaume-Uni champion
A l’évidence, en dépit du fait qu’elle est un pays d’immigration ancienne, la France paraît intégrer médiocrement ces nombreux résidents nés à l’étranger ou même ceux dont seulement un seul parent est immigré.
Et cela en termes de revenus, d’emplois et d’éducation. Elle est la moins bien classée des pays comme la Suède, l’Allemagne ou le Royaume-Uni dont la population immigrée ou issue de l’immigration est importante.
Et c’est bien au Royaume-Uni que cette population est, de loin, la moins discriminée par rapport aux résidents d’ « origine autochtone ».