La crise migratoire continue de crisper les relations entre dirigeants européens, mais de nouvelles figures militantes apparaissent en utilisant les méthodes issues de la désobéissance civile.
En refusant d’abandonner les dizaines de migrants à bord de du bateau de l’ONG Sea-Watch3 et en pénétrant dans les eaux italiennes au large de l’île de Lampedusa malgré la menace de lourdes amendes du ministre italien de l’intérieur Matteo Salvini, la capitaine Carola Rackete est devenue le symbole humanitaire de la crise migratoire. Agée de 31 ans, elle est depuis arrêtée et pourrait être condamnée à 10 ans de prison.
Aussitôt, les médias sociaux ont pris fait et cause pour la capitaine et de hauts responsables en Allemagne et en France ont critiqué le gouvernement italien. « Quelqu’un qui sauve des vies ne peut pas être un criminel » a déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères, Heido Mass. A Paris, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a ajouté : « Le gouvernement italien a fait le choix de créer de l’hystérie sur des sujets très douloureux ».
Héroïne ou criminelle?
Carole Rackete est arrivée hier au palais de justice d’Agrigente, en Sicile, pour y être auditionnée. Le juge a quarante-huit heures pour se prononcer sur l’éventuelle remise en liberté. Matteo Salvini l’a traité de « pirate » et considère qu’elle a commis un « acte criminel, un acte de guerre » en forçant l’entrée de son bateau dans le port. « Chaque pays, me semble-t-il, est libre de décider qui il accueille et qui il n’accueille pas », a-t-il ajouté.
Les autorités italiennes accusent Rackete d’avoir mis en danger quatre policiers qui se trouvaient à bord d’une vedette des gardes-côtes heurtée par le Sea-Watch 3 à Lampedusa. La capitaine du navire humanitaire a exprimé le regret d’avoir provoqué la frayeur de ces hommes. Le bateau a été saisi et l’ONG risque une amende de 50.000 euros. Pour prendre sa défense, de nombreux dons, qui dépassent déjà un million d’euros, affluent à l’association Sea-Watch.