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En Europe, l’énergie solaire rayonne

mercredi, 24 juillet, 2019 - 09:37

Avec 40 % de la puissance photovoltaïque installée dans l'UE, l'Allemagne demeure plus que jamais la numéro 1 sur le continent.

Si le chemin qui mène à la « perfection verte », en Europe, est encore long, certains progrès sont encourageants. Comme, par exemple, le solaire. Selon le baromètre d’EurObserv’ER publié fin mai dernier, le photovoltaïque y a vu sa capacité augmenter de 7,6 gigawatts (GW) en 2018, soit une hausse de 33,7% par rapport à 2017. C’est mieux que la Chine, championne du monde incontestée des installations solaires – elle en possède le quart mondial –, qui a connu sur la même période un recul de ses raccordements photovoltaïques (– 16 %). Ces derniers pointant tout de même à 44,4 GW. En tout, la planète a vu pas moins de 100 GW de nouvelles capacités solaires installés l’an dernier.

Marché résidentiel actif

Au sein de l’Union européenne (UE), mention spéciale à l’Allemagne, dont « le marché du solaire photovoltaïque a poursuivi sa remontée, mais cette fois de manière beaucoup plus franche », souligne le baromètre. Puisque le pays a connecté au réseau près de 3 GW (2 938 MW) en 2018, contre 1,6 GW en 2017. Soit une progression substantielle de 80,8 %. « Cette puissance se décompose pour trois quarts en installations sur toiture et un quart en centrales photovoltaïques au sol. Elle permet au parc allemand de s’établir fin 2018 à 45 GW répartis entre environ 1,7 million d’installations ».

Avec 40 % de la puissance photovoltaïque installée dans l’UE, l’Allemagne demeure ainsi plus que jamais la numéro 1 sur le continent. En termes de puissance photovoltaïque installée par habitant également (546,9 watts). Et Berlin ne compte pas s’arrêter là : le gouvernement a choisi de lancer, en plus de ceux déjà programmés par la loi, « une série d’appels d’offres supplémentaires concernant les installations de puissances égales et supérieures à 750 kilowatts pour un volume cumulé de 4 GW d’ici 2021 », précise le baromètre d’EurObserv’ER.

Tout comme chez nos voisins d’outre-Rhin, « le marché photovoltaïque des Pays-Bas a été particulièrement dynamique », lit-on également. Selon l’agence Statistics Netherlands, le pays a effectivement connecté quelque 1,4 GW de capacités solaires à son réseau, soit une augmentation de 63,6 % par rapport à 2017. Fin 2018, la puissance totale du pays atteignait 4,3 GW de puissance, une « forte croissance » due à la connexion de projets de très grande puissance financés dans le cadre du programme SDE+, supervisé notamment par le ministère de l’Economie du royaume. Mais également « à un marché du photovoltaïque résidentiel très actif ».

« Barre symbolique des 50 euros le MWh »

L’Espagne, à présent, n’a installé « que » 26 MW de nouvelles capacités solaires l’an dernier (contre 9 MW en 2017). Ce qui ne l’a pas empêché de produire plus de 7 700 térawattheures et de se placer au 5ème rang des Etats membres en termes de production d’énergie photovoltaïque, derrière l’Allemagne, évidemment, l’Italie, le Royaume-Uni et la France. La raison est simple : le pays disposait déjà de capacités importantes, qui plafonnaient l’an dernier à 4,8 GW (5ème place là aussi).

Tout comme en Allemagne, l’Espagne ne compte pas s’arrêter en si bon chemin : Iberdrola, l’un des acteurs nationaux majeurs de la production/gestion de gaz et d’électricité, prévoit de construire une ferme solaire à Caceres (ouest) de 590 MW. Soit ni plus ni moins que le plus grand projet photovoltaïque d’Europe. Baptisé « Pizarro », il devrait être mis en service en 2022, et sert en tout cas l’objectif de Madrid de parvenir à 42 GW de nouvelles capacités solaires d’ici 2030.

La France, qui occupe également le haut du classement européen (9,5 GW installés en 2018 pour une production d’électricité photovoltaïque de plus de 10 000 TWh), a relié 862,4 MW au réseau l’an dernier (3ème rang), légèrement moins que l’année dernière (908,4 MW). Aucune inquiétude à avoir pour autant, puisque la baisse des coûts de la filière se poursuit à un rythme rapide. Comme le soulignait le bilan des coûts des installations photovoltaïques de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) en mars dernier, le coût des investissements « a reculé en moyenne de 32 % en trois ans. Selon le dimensionnement des installations, les coûts de production moyens se situent sur une échelle allant de 62 à 99 euros le MWh. Pour les plus grandes installations, ces coûts descendent sous la barre symbolique des 50 euros le MWh », précise le rapport.

« Outil rarement utilisé »

La filière solaire française est donc parfaitement compétitive (en Allemagne, les coûts de production oscillent entre 40 et 70 euros), ce que la CRE explique par des « effets d’échelle » substantiels : plus les installations sont importantes, plus les coûts de production du solaire diminuent de manière importante, pour résumer. Et en la matière, une région comme l’Occitanie, qui cherche à devenir la première région à énergie positive d’Europe, a quelques arguments à faire valoir.

Le 23 mai dernier par exemple, EDF a installé un parc photovoltaïque de 30 500 modules sur le lieu-dit Cantagal, pour une capacité installée de 11 MW crête (puissance maximale), suffisante pour fournir l’équivalent de la consommation électrique annuelle de 5 000 personnes. « A ce jour, notre centrale est la plus importante en Pays Coeur d’Hérault, elle contribue à renforcer concrètement l’investissement de notre territoire au plus près des enjeux de la transition énergétique. EDF Renouvelables a parfaitement su prendre en compte nos enjeux locaux pour une intégration environnementale réussie », a déclaré à l’occasion Agnès Constant, maire de Saint-Pargoire.

Saint-Etienne Métropole, également, commence à parier sur le photovoltaïque. Elle s’est lancée dans un vaste programme de solarisation de son patrimoine, englobant des bâtiments scolaires, par exemple, mais également les parking du stade Geoffroy-Guichard, le Musée d’Art Moderne ou encore l’Opéra. Là aussi en misant sur l’initiative privée, « un outil rarement utilisé par les collectivités », remarque Otmane Hajji, directeur général de GreenYellow, filiale du groupe Casino spécialisée dans la transition énergétique. Qui a remporté un lot de 20 MW, répartis sur 150 bâtiments, soit une surface totale de 200 000 mètres carrés. L’initiative privée, futur moteur de la transition écologique en Europe ? 

 


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