Syndicate content

Les Français en retard en matière de chasse « durable »

mardi, 17 septembre, 2019 - 10:40

Très gros chasseurs européens – avec les Espagnols – les Français ne sont pas parmi les plus respectueux de la biodiversité. Les espèces chassables et les jours de chasse sont plus nombreux en France qu’ailleurs et la formation des chasseurs un peu légère.

Depuis dimanche, la chasse est ouverte dans la plupart des départements du nord de la France tandis qu’elle l’était déjà depuis la semaine précédente dans les départements du sud.

La pratique de la chasse est répandue en France et, dans les zones rurales, l’agitation qu’elle engendre dans les bois et les landes succède au ballet des moissonneuses dans les champs. Ce retour de la saison cynégétique ranime aussi la polémique sur l’impact environnemental d’une activité qui, loin de maintenir l’équilibre naturel de la population animale, serait un facteur de recul de la biodiversité.

Une opinion publique plutôt hostile

C’est ce que pensent d’ailleurs quatre Français sur cinq, partisans d’une réglementation plus stricte. Mais, en Europe, ils ne sont pas les seuls.

Pour ne prendre que les grands pays voisins, une majorité d’Italiens et d’Espagnols se disent, sinon hostiles à la chasse, mais du moins favorables à son encadrement beaucoup plus rigoureux.

Quant aux Britanniques, ils se focalisent plutôt sur la question de la chasse en meute, particulièrement la traditionnelle chasse au renard – l’équivalent Outre-Manche de notre chasse à courre – que le gouvernement conservateur songeait il y a quelques années à autoriser de nouveau après qu’elle eut été interdite en 2005. Eh bien les Anglais, même ruraux, sont à une majorité écrasante hostiles à cette libéralisation.

En fait, seule l’opinion allemande se distingue, 80% des citoyens germaniques estimant la chasse nécessaire à la préservation de la nature.

Les chasseurs plus nombreux en France…

Nos voisins d’Outre Rhin ne sont pourtant pas accros à la chasse puisqu’ils ne sont que 380.000 titulaires d’un permis de chasse, très loin derrière les Français qui sont près de 1,2 million à disposer du permis.

C’est un record en Europe puisque 800.000 Britanniques et 700.000 Italiens sont chasseurs. Quant aux Espagnols, ils sont 980.000, moins qu’en France en chiffres absolus, mais ils sont plus nombreux que les Français en proportion de la population.

En fait, l’opinion des Allemands à l’égard de la chasse reflète le fait qu’Outre Rhin, les chasseurs sont plus « professionnels », mieux formés du fait d’un examen du permis de chasse très pointu nécessitant une formation de plusieurs mois.

… mais moins formés qu’en Allemagne

En France, comme dans les pays du sud, l’obtention du permis de chasse est plus simple et moins coûteuse : 46 € en France contre 300 en Allemagne. Mais ce permis permet automatiquement l’acquisition d’une arme de chasse alors qu’en Italie et en Espagne, il faut en plus disposer d’un permis de port d’arme.

Il en va de même en Angleterre, mais l’autorisation de chasser n’y est qu’un simple droit à acquitter moyennant environ 34 € par an. En revanche, même si la redevance annuelle pour un permis de chasse national vient de voir son prix divisé par deux en France (200 € contre 400), cette redevance est plutôt plus élevée dans l’Hexagone qu’ailleurs puisqu’un habitant de la Castille paiera 42 €, un Portugais 60 et un Allemand 160 à 190 €, mais pour trois ans.

Deux régimes de chasse différents en Europe

En France, le droit de chasse appartient au propriétaire d’un terrain de chasse, droit qu’il peut évidemment céder à bail à une association de chasse. Souvent, des associations communales de chasse agréées se voient mettre à disposition des parcelles communales.

Ce système est à peu près le même au Royaume-Uni, en Allemagne, en Espagne ou aux Pays-Bas, même si les superficies minimum pour une réserve de chasse sont en général plus importantes : 20 à 60 hectares en France contre 150 en Allemagne ou 250 en Espagne.

En revanche, des pays comme le Portugal et l’Italie connaissent un régime différent puisque le droit de chasse appartient à l’Etat, ce dernier le cédant à des chasseurs agréés qui vont pouvoir chasser sur des terrains non clos sans que les propriétaires puissent s’y opposer.

Périodes et jours de chasses

En ce qui concerne la période d’ouverture de la chasse, le cas général en France – cinq mois de septembre à fin janvier – se retrouve à peu de choses près partout mais les périodes de chasse plus courtes varient en fonction des espèces et diffèrent d’un pays à l’autre.

En revanche, il n’y a qu’en France et en Allemagne que l’on peut chasser toute la semaine. En Italie, mais aussi dans les régions espagnoles, la chasse n’est souvent possible que trois jours par semaine. En Angleterre et aux Pays-Bas, on ne peut chasser ni les dimanches, ni certains jours fériés.

Deux fois plus d’espèces « chassables » en France

Les espèces protégées varient selon les pays car ces derniers appliquent plus ou moins rigoureusement la « directive oiseaux » de l’Union. Pour ne prendre que les volatiles, l’Allemagne autorise la chasse de 27 espèces, l’Italie et l’Espagne de 34 espèces, le Royaume-Uni de 45 espèces.

Or la France, qui n’abrite pas plus d’espèces que ces voisins, permet d’en chasser 68 ! Et ce qui révolte les défenseurs de la biodiversité, c’est que, sur ce nombre, 20 espèces sont menacées de disparition.

Une chasse peu « durable » dans l’Hexagone

Même si des progrès ont été faits, on ne peut dire que l’Hexagone brille beaucoup en matière de chasse « durable ». En France, la chasse est longue, les espèces chassables nombreuses et la formation des chasseurs assez légère.

Mais la chasse est une activité populaire considérée en quelque sorte comme un droit hérité de la révolution puisque, sous l’ancien régime, la chasse au grand gibier était réservée aux nobles.

Paradoxalement, malgré une opinion hostile, la chasse à courre est toujours autorisée en France. Ce n’est plus le cas en Allemagne depuis 1953 et en Angleterre depuis 2005 bien qu’outre-Manche 550 chasses au renard illégales aient été repérées depuis un an. Comme quoi les traditions ont la vie dure…


Réactions

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Pays