Malgré l'alerte lancée par le mouvement #MeToo il y a deux ans, les violences sexistes à l'encontre des femmes restent peu étudiées et répertoriées, surtout au niveau du Continent.
Deux ans après le début du mouvement #MeToo, le secret qui entoure le harcèlement des femmes, notamment au travail, reste immense, comme l’atteste une enquête réalisée par l’Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès et la Fondation européenne d’études progressistes, publiée le 12 octobre. Réalisée auprès de 5026 femmes provenant de cinq pays (France, Allemagne, Royaume-Uni, Espagne, Italie), près de 60% d’entre elles ont été confrontées à des violences sexistes ou sexuelles au cours de leur carrière professionnelle.
Près d’une femme sur deux a été l’objet de « sifflements, de gestes ou de commentaires grossiers ou encore de regards concupiscents », et en Allemagne ce taux atteint 56%. 11% des femmes interrogées (9% en France, mais 15% en Espagne) affirment avoir subi un rapport sexuel « forcé ou non désiré » avec un collègue.
Chantage sexuel
Ces tentatives de viol concernent en outre 9% de femmes qui ont du affronter des « pressions » masculines pour obtenir d’elles un acte de nature sexuelle (par exemple en échange d’une embauche ou d’une promotion). 18% ont subi « au moins une fois » des contacts physiques inappropriés comme une main sur les fesses, une étreinte forcée ou un baiser volé. 21% ont été confrontées à une telle situation au cours des douze derniers mois, un chiffre qui atteint même 42% quand il s’agit des moins de 30 ans.
Le secret et le déni de la société est tel que seulement 13% des femmes ayant subi des attouchements et 16% de celles ayant fait l’objet de pressions en vue d’un rapport sexuel ont pu en parler à un supérieur hiérarchique ou un syndicaliste.
Cette étude rattrape un retard sur la surveillance de ces violences. Les derniers chiffres remontent à 2014 pour la France (une enquête du Défenseur des droits) et à 2012 pour l’Europe (par l’Agence européenne des droits fondamentaux).