L'Union européenne n'est pas une fédération, mais une confédération d'Etats souverains. Rares sont les dirigeants qui oseraient intervenir dans une situation déjà explosive sur place.
Trois journées de manifestations, donc certaines très violentes la nuit, ont fait suite aux lourdes condamnations des leaders indépendentistes. La Catalogne s’embrase et le sujet de son indépendance, déclarée le 10 octobre 2017 suite au référendum d’autodétermination préalable, met l’Union européenne dans l’embarras, qui considère que cette crise est une affaire strictement intérieure.
Parce que l’expérience de la Catalogne représente un risque pour une Europe loin de l’esprit de fédération, l’UE ne veut pas intervenir, alors que les indépendantistes vont pourtant en appeler à son autorité. Mais la quasi totalité des dirigeants européens ont bien d’autres problèmes à affronter, à l’image d’Emmanuel Macron qui considère que l’UE n’a pas de compétence dans le domaine : « J’ai un interlocuteur en Espagne, c’est le Premier ministre (…). Il y a un Etat de droit en Espagne, avec des règles constitutionnelles. Il veut les faire respecter et il a mon plein soutien ».
Prudence au Parlement européen
Malgré la sévérité de la justice espagnole, les indépendantistes catalans ne disposent d’aucun relais au Parlement où les groupes PPE et socialiste sont notoirement hostiles à cette cause. Et la présence des Espagnols à tous les niveaux du pouvoir à Bruxelles garantit que les revendications catalanes ne seront pas relayées. La Belgique, dont la Flandre est dominée par les partis indépendantistes (N-VA et Vlaams Belang), est le seul pays qui s’est montré accueillant envers Charles Puigdemont, toujours réfugié à Bruxelles.
Le sujet de l’indépendance de la Catalogne reste néanmoins entier et risque de favoriser une défiance déjà manifeste envers la justice espagnole, connue pour ses liens puissants avec le pouvoir. Or le Conseil de l’Europe, à Strasbourg, critique régulièrement l’absence d’indépendance des magistrats espagnols. « Ce jugement est disproportionné et va accroître la crise politique en Catalogne » estime l’Allemande Ska Keller, co-présidente du groupe Vert.