Un dispositif européen de protection est pourtant entré en vigueur depuis neuf ans, mais il reste souvent méconnu en France, avec environ 3000 demandes contre près de 40.000 en Espagne.
Le mouvement contre les féminicides ne cesse de prendre de l’ampleur en France et, pour la première fois, le Conseil de l’Europe vient d’émettre un rapport qui souligne le retard du pays par rapport à certains pays voisins. Le Groupe d’experts sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (Grevio), organe du Conseil de l’Europe, souligne plusieurs problèmes qui expliquent pourquoi la France peine à lutter correctement contre ce drame social.
Le rapport insiste sur le nombre limité des hébergements dédiés aux femmes victimes de violence, mais aussi une définition du viol qui reste problématique, une réponse pénale « insuffisante » ou encore la moindre attention accordée aux enfants témoins.
L’Etat ne s’engage pas assez
Les associations de défense des femmes agressées dénoncent le manque de moyens et le rapport insiste sur la nécessité de créer, en nombre suffisant, des « centres d’aide d’urgence pour les victimes de viols et de violences sexuelles, afin de leur disperser un examen médical et médico-légal, un soutien lié au traumatisme et des conseils ».
La Justice est pointée du doigt car la définition des agressions et du viol est souvent minorée en délit d’agressions sexuelles, une pratique « qui minimise la gravité du viol et qui fait porter les conséquences du dysfonctionnement du système judiciaire sur les victimes ».
Enfin, l’intérêt de l’enfant mérite une meilleure protection. Leur soutien ne devrait pas se limiter, comme c’est souvent le cas, aux décisions sur le droit de visite et de garde car, pour le Grevio, « l’exercice conjoint de la parentalité est un moyen pour l’agresseur de continuer à maintenir l’emprise et la domination sur la femme et les enfants ».