La loi de 1016 force les prostituées à exercer dans les endroits plus isolés, à l'écart de la police, où elles sont davantage exposés aux agressions.
Depuis 2016, la loi française pénalisant les clients des prostituées a plongé les travailleurs du sexe dans une situation extrêmement précaire et dangereuse. Certes, cette loi a abrogé le délit de racolage, mais l’a remplacé par la verbalisation des clients avec une amende de 1500 euros pouvant aller jusqu’à 3750 euros en cas de récidive, parfois accompagnée par un stage de sensibilisation.
En conséquence, la prostitution est devenue plus violente et les travailleurs du sexe sont obligés à accepter des rapports non protégés ou d’exercer dans des endroits plus isolés où ils sont plus exposés aux agressions.
En février dernier, les associations ont été déboutés par le Conseil institutionnel, à qui elles avaient demandé de revenir sur cette loi. C’est pourquoi 240 travailleurs du sexe, soutenus par 19 associations, dont Aides, le Sidaction et Médecins du monde, ont saisi la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH).
Un effet de « prohibition »
Pour les associations, les lois répressives génèrent des effets contre-productifs dans la lutte contre l’exploitation, le travail forcé, la sécurité et la vie des personnes concernées. « Que ce soit en Suède, en Irlande, au Canada ou en France, nous avons le recul nécessaire pour affirmer que le modèle suédois mettant en oeuvre la pénalisation des clients met en danger toutes les personnes exerçant le travail du sexe » explique le communiqué inter-associatif.
Estimant qu’en France, le gouvernement et les institutions « nient leur vie » et « restent sourds aux violences de leur politique », les associations en appellent à l’Europe. En 2018, le meurtre de Vanessa Campos au Bois de Boulogne (Hauts-deSeine) avait révélé la situation fragile des prostitués et prostituées. En 2019, six meurtres ont été recensés, selon Médecins du Monde.