2019 a vu s’accroitre fortement les capacités de l’industrie photovoltaïque européenne. Devenue très compétitive, elle est promise à un développement spectaculaire dans les années à venir. L’Allemagne reste le marché dominant mais Espagnols et Français nourrissent de grandes ambitions.
Après plusieurs années en demi-teinte, l’activité du secteur de l’énergie solaire a connu en 2019 une accélération spectaculaire en Europe.
Les experts s’accordent en outre à pronostiquer une poursuite de cette forte croissance dans les prochaines années au point que l’industrie solaire pourrait bien rattraper – voire dépasser – une industrie éolienne dont le développement est ralenti par la résistance des riverains incommodés.
Au vu de ces bons résultats de l’an dernier en matière d’accroissement de ses capacités de production photovoltaïques, la France semble déterminée à recoller au peloton de tête européen. Mais, plusieurs de nos voisins se précipitent à la poursuite de ce nouvel Eldorado.
Le nouveau décollage du photovoltaïque…
Car on assiste au grand retour de l’énergie solaire en Europe. L’engouement pour cette industrie était à son comble vers la fin des années 2000 quand de nombreux gouvernements de l’UE avaient décidé de subventionner généreusement l’industrie solaire photovoltaïque – ces panneaux qui transforment la lumière en électricité. Une technique jugée bien plus prometteuse que l’industrie solaire thermique consistant à chauffer de l’eau en vue de canaliser la chaleur.
Mais le premier boom du photovoltaïque s’est rapidement traduit par un raz de marée de panneaux solaires bon marché venus de Chine, le leader mondial du secteur, ce qui a très durement impacté l’industrie européenne naissante.
Du coup, en 2013, alors que les aides au secteur s’étaient évaporées avec la crise financière, l’Union européenne a imposé des droits de douanes sur ces panneaux chinois, cassant la compétitivité du solaire.
… redevenu compétitif
Mais depuis septembre 2018, c’est fini : les taxes douanières ont été supprimées. Les producteurs chinois ayant accepté de se conformer à des prix plancher, il a en effet été jugé contreproductif de maintenir des droits qui pénalisaient l’ensemble du secteur.
Certes, les panneaux chinois dominent toujours largement le marché, mais les producteurs européens parviennent à se maintenir dans le haut de gamme et à remporter quelques appels d’offre grâce à leur empreinte carbone réduite.
L’important est que la fin des taxes et la baisse des coûts de production qu’elle engendre ont restauré la compétitivité de l’ensemble de l’activité photovoltaïque en Europe.
L’Allemagne domine mais l’Espagne accélère
Pas étonnant que près de 17 gigawatts (GW) de capacités supplémentaires aient été installés en 2019 dans l’UE (pour un total de 132 GW), soit plus de deux fois la hausse annuelle des capacités observée entre 2013 et 2018.
L’an dernier, c’est l’Espagne qui a le plus accru ses capacités en les augmentant de 4,7 GW, soit une hausse de 80%. Du coup, ce pays a ravi à la France sa quatrième place européenne. Mais l’Hexagone a également augmenté en 2019 ses capacités plus que de coutume et dispose désormais de 10 GW.
On reste cependant loin du champion européen qu’est l’Allemagne qui, avec 50 GW, abrite 38% des capacités de l’Union et surpasse très nettement l’Italie (20 GW) et le Royaume-Uni (13 GW). A une moindre échelle, signalons que la Pologne a fait plus que doubler ses capacités l’an dernier.
L’éolien encore nettement devant le solaire
Si l’on prend le total de la production électrique issue des énergies renouvelables, la part du solaire est assez élevée – de l’ordre de 20% – en Allemagne et dans deux pays du sud, l’Italie et la Grèce.
En Espagne, le solaire atteint 12% de la production d’électricité « renouvelable » mais cette part n’est que de 9% en France qui dispose de beaucoup d’énergie hydraulique.
A noter que, presque partout encore, la part de l’éolien est trois ou quatre fois plus grande que celle du solaire, à l’exception notable de l’Italie ou le soleil « produit » plus d’électricité que le vent.
L’Espagne, championne du solaire thermique
Sans être marginale, l’activité du solaire thermique est quatre à six fois moins importante en termes de capacités de production que celle du solaire photovoltaïque.
Une exception toutefois : l’Espagne, seule à avoir développé la technologie du thermodynamique par laquelle la vapeur produite par le soleil fait tourner des turbines électriques. Ce qui explique que, dans ce pays, le solaire thermique et le solaire photovoltaïque sont à parts égales.
Succès de l’auto-consommation d’électricité
Ce qui contribue à populariser l’électricité d’origine photovoltaïque c’est la possibilité offerte aux consommateurs de monter des panneaux solaires sur leur logement individuels ou collectifs et d’être ainsi auto-suffisants en matière de production et de consommation d’électricité.
Cette pratique est très développée aux Pays-Bas et en Belgique où elle occupe le tiers des capacités photovoltaïques. Mais l’autoconsommation se développe rapidement en France où elle représente 14% des capacités.
Un avenir très « ensolairé »
Incontestablement, l’avenir du solaire en Europe s’annonce brillant, notamment parce que les objectifs 2030 du nouveau « paquet énergie propre » européen – un des grands chantiers de l’Europe – sont particulièrement contraignants en termes d’énergies renouvelables, ces dernières devant représenter dans dix ans 32% de la consommation d’énergie finale.
Comme, au regard de leurs engagements, beaucoup d’Etats-membres sont en retard (notamment la France), développer le solaire offre des opportunités incomparables : les coûts de production sont devenus imbattables ; l’industrie bénéficie d’innovations technologiques nombreuses (qui, de plus, émanent du vieux continent) ; enfin, l’acceptation par le public de la technologie solaire est excellente, contrairement à celle des éoliennes, technologie qui se voit reprocher ses pollutions visuelle et sonore.
Un pays aussi ensoleillé que l’Espagne affiche les plus grandes ambitions en la matière et pourrait bien rattraper l’Allemagne d’ici à la fin de la décennie.
Quant aux Français, qui opèrent déjà en Gironde, à Cestas (notre photo), la plus grande centrale photovoltaïque d’Europe, ils sont en train de construire pour 2023 un mastodonte de 2000 hectares de panneaux solaires dans le Lot et Garonne.