Malgré une forte opposition catholique, le Portugal continue dans sa politique progressiste sur les sujets de société. Il sera le quatrième pays de l'UE à légaliser l'euthanasie, après la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas.
Le Parlement portugais a adopté, jeudi 20 février, plusieurs textes ouvrant la voie à la dépénalisation de l’euthanasie, qui ont été approuvés en première lecture grâce une coalition de députés de gauche et du centre. Le texte soumis par le PS a été approuvé par 127 voix (86 contre et 10 abstentions). Des propositions similaires du Bloc de gauche (extrême gauche), du Parti animalier, des Verts et d’un député libéral ont aussi été retenues.
Ces propositions fusionneront dans un seul texte qui devrait être soumis à un vote final au Parlement avant l’été. La nouvelle loi s’appuie sur une opinion publique favorable : selon l’Institut Universitaire Egaz Moniz, 50,5% des Portugais y sont favorables, contre 25,6% qui s’y opposent. Cette dépénalisation ne peut se faire sans la pleine conscience du patient, quatre confirmations de sa volonté de mourir et plusieurs rapports médicaux et psychiatriques.
Contestations
Si le Portugal mène depuis plusieurs années une politique progressiste sur les questions de société (la politique de dépénalisation de la drogue est un succès, le mariage gay est possible depuis 2010, etc.), la contestation envers la dépénalisation de l’euthanasie provoque de nombreuses oppositions, dans la rue, de la part du clergé et d’une partie du corps médical. Une pétition a rassemblé 40.000 signatures, alors qu’il en faut 60.000 pour demander un referendum sur la question.
Pour être effective, la nouvelle loi devra obtenir la promulgation du président de la République, le conservateur Marcelo Rebelmo De Sousa. Fervent catholique, il pourrait opposer un veto, qui serait alors logiquement annulé par un second vote des députés, ou renvoyer le texte à la Cour constitutionnelle. En effet, le Portugal reste un pays catholique à 81% et l’Eglise conserve une influence certaine.