L’Europe est désormais la région du monde qui compte le plus de malades du Coronavirus. Toutes les restrictions de circulation et de réunion et les mesures de confinements vont plonger les principales économies du continent dans la récession en 2020.
L’épidémie de Coronavirus dite « Covid-19 » a changé de continent. Alors qu’elle est en cours d’extinction en Chine, elle ravage désormais l’Europe ou plus de 22.000 personnes ont été atteintes dont près de 1000 ont perdu la vie à ce jour.
L’Italie reste de très loin le pays le plus touché mais l’épidémie progresse rapidement dans les autres grands pays dont la France.
Cette menace sanitaire et les mesures prises pour l’endiguer ont bien sûr des effets désastreux sur l’activité économique et remettent en cause toutes les prévisions de croissance.
Dernier épisode en date: l’annonce par Donald Trump de la fermeture des frontières américaines aux ressortissants en provenance d’Europe continentale.
Plus de malades en Europe qu’en Chine
L’Europe est donc désormais au coeur de la pandémie. Si l’on prend le nombre total de cas déclarés à ce jour, la Chine reste évidemment la zone de loin la plus touchée avec 81.000 personnes qui ont été infectées et plus de 3000 morts.
Mais l’Europe vient ensuite avec 22.000 contaminations et 950 morts environ, nettement devant le reste de l’Asie, le Moyen-Orient-Méditerranée ou l’Amérique.
Surtout, si l’on tient compte des guérisons qui sont intervenues – 61.000 en Chine – on peut désormais affirmer qu’il y a actuellement plus de malades en Europe qu’en Chine.
Une Europe très inégalement frappée
Avec plus de 12.000 cas déclarés hier soir, l’Italie représente à elle seule plus de la moitié des cas en Europe et 87% des décès avec plus de 800 morts.
Suivent les trois autres grands pays d’Europe continentale avec près de 2300 cas en France et en Espagne et 1900 en Allemagne. Mais ces deux derniers pays comptent autour de 50 morts chacun alors qu’il n’y en a que trois en Allemagne.
Royaume-Uni (450), Bénélux (820), Scandinavie (1000) et Autriche (250) représentent environ 2500 cas à eux tous. Quant à l’Europe de l’Est, elle est assez épargnée et les malades ne s’y comptent qu’en dizaines, voire en unités.
Des systèmes de santé plus ou moins efficaces
Pourquoi ces disparités ? Comme dans toute épidémie, il y a le facteur hasard et quelques malades venus de Chine ont transmis le virus en Italie du Nord puis en France.
Mais ensuite la réactivité, l’organisation et l’efficacité des systèmes de santé jouent ainsi que les stratégies de dépistage et de prévention.
L’Italie s’est manifestement laissée déborder et ses services de soins intensifs sont au bord de la saturation alors même que la population âgée et fragile y est nombreuse.
A l’inverse, en Allemagne, les laboratoires indépendants se sont montrés très réactifs et ont pratiqué très tôt de nombreux test y compris chez des individus jeunes qui peuvent être porteurs sans avoir de symptômes. Bilan 3 morts outre-Rhin, 300 fois plus en Italie. Mais l’épidémie va s’amplifier…
Une économie mondiale perturbée
L’impact économique de ce Coronavirus se produit en premier lieu à l’échelle planétaire du fait du poids de la Chine dans la production et les échanges mondiaux.
On en voit déjà les conséquences en chaine avec une sévère baisse du transport aérien et maritime, des ruptures d’approvisionnement qui affectent de nombreuses industries, la chute des cours du pétrole et l’effondrement des bourses qu’elle a engendré.
Bien sûr, l’Europe est au cœur de ses secousses puisqu’elle est très ouverte sur le monde. Les composants chinois venant à manquer, l’offre de nombreux biens industriels ou de consommation est perturbée tandis que les exportations vers la Chine vont évidemment pâtir du ralentissement de la demande dans ce pays.
On pense notamment aux ventes de machines-outils ou d’automobiles allemandes ou aux produits de luxe français.
Choc de demande en Europe
Mais l’Europe est désormais menacée par un choc de demande. Car, du fait des mesures de confinements, des restrictions de déplacements, des annulations de manifestations, des fermetures d’écoles, la consommation des ménages s’affaisse ; or elle représente, en Europe, en moyenne les deux tiers du produit intérieur brut.
Cette baisse de la demande des ménages va de surcroit entrainer une baisse de l’investissement lui même remis en cause par la contraction des capitalisations boursières. Bien sûr, tous les pays ne seront pas frappés avec la même violence…
L’Italie sinistrée
Sans conteste le pays le plus déstabilisé est l’Italie dont l’ensemble de la population est désormais assignée à résidence et où la Lombardie, une des régions les plus riches et les plus industrieuses d’Europe, est la zone la plus contaminée.
La troisième économie de l’Union à 27 – 13% du PIB total – est d’autant plus menacée que, début mars, l’OCDE pronostiquait déjà une croissance zéro pour 2020. Autant dire que l’Italie n’échappera pas à une sévère récession cette année…
L’Allemagne et sans doute la France n’éviteront pas la récession
Selon les experts les plus optimistes, l’Europe ne peut espérer arriver à l’accalmie que connaît désormais la Chine avant la mi-avril. Cela fera, en Europe occidentale, un trou d’air de plus d’un mois ou les productions auront chuté d’au moins un quart, voire un tiers.
Bien sûr, certaines activité connaitront un rattrapage mais l’emploi risque d’en subir des conséquences durables. Bref, mécaniquement, dans les économies principales de l’Union qui sont également les plus touchées par le virus, le produit intérieur brut se verra amputer de 1 à 1,5 % sur 2020.
Autant dire que l’Allemagne – dont la croissance était prévue à 0,3% – n’échappera pas à la récession.
Quant à la France, pour laquelle l’OCDE espérait 0,9% de croissance, il tiendrait du miracle qu’elle ne se retrouve pas, elle aussi, en récession !