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Covid: l’économie française n’est pas plus soutenue que les autres

mardi, 19 mai, 2020 - 13:33

Non, l’Hexagone n’est pas le pays le plus généreux d’Europe en matière de mesures anti-récession ou de protection de l’emploi. Elle y consacre moins de moyens que l’Allemagne et le chômage partiel y compense le salaire au même niveau qu’ailleurs.

Face à la pandémie du Covid 19 et à la très grave récession qu’elle engendre, les Etats européens ont tous déployés des mesures exceptionnelles de soutien à l’économie. Des soutiens budgétaires directs, des remises ou des reports d’impôts et de charges sociales, des enveloppes de prêts garantis…

Pour éviter le spectre du chômage de masse, des dispositifs de chômage partiel ont été mis en place afin de garantir aux salariés le maintien d’un revenu alors que les entreprises sont à l’arrêt ou tournent au ralenti. Pour les plus fragiles d’entre elles – les PME ou les micro-entreprises – des aides d’urgence ont été par ailleurs accordées.

Soutien global : la France dans la moyenne

En matière de soutien global à l’économie et en ne prenant en compte que les mesures à caractère budgétaire, le gouvernement français a annoncé pour l’instant quelques 115 milliards d’euros d’aides diverses à l’activité, ce qui représente 4,7% du PIB hexagonal en 2019.

Un effort important mais qui est à peine supérieur à la moyenne des financements accordés dans les quinze pays occidentaux de l’UE. La France se montre un peu plus généreuse que ses voisins britannique ou italien où les mesures avoisinent 4,5% du PIB mais son effort est très supérieur à celui de l’Espagne (3,3%), pays pourtant très sévèrement touché.

En revanche, l’Allemagne, dont l’économie semble pourtant à ce stade un peu mieux résister, consacre près de 6% de son produit national aux mesures de soutien (204 milliards). Mais, en la matière, la championne d’Europe est l’Autriche avec un effort supérieur à 9% du PIB.

Chômage partiel : beaucoup d’indemnisés en France…

 La ministre française du travail Muriel Pénicaud affirme avoir mis en place le système « le plus protecteur d’Europe » en matière de chômage partiel.

Ce n’est pas exact. Ce qui est vrai, c’est que le chômage partiel concernait en France, début mai, plus de 12 millions de travailleurs, 60% des effectifs du secteur privé.

En Allemagne, seules 10,5 millions de personnes sont concernées, soit 28% de la main d’œuvre privée. Et les chiffres sont inférieurs en Italie ou au Royaume-Uni (un peu plus de sept millions de travailleurs indemnisés).

Or, curieusement, les financements prévus en Allemagne ou au Royaume-Uni sont bien plus élevés qu’en France : 40 et 48 milliards d’euros contre 26 chez nous. Cela est dû, semble-t-il, au fait que les Français sous-estiment pour l’instant le coût global du dispositif.

… mais les compensations sont comparables ailleurs

Car on ne saurait dire que la France indemnise moins bien. En revanche, le gouvernement ne peut prétendre que les chômeurs partiels français sont mieux traités que les autres car la hauteur des compensations n’est pas très différente : 70% de la rémunération brute en France (soit 84% du salaire net), comme en Espagne mais moins que les 80% versés outre-Manche ou en Italie.

Outre-Rhin, les bénéficiaires ne reçoivent que 60% de leur salaire net (67% s’ils ont des enfants) mais ce taux passe à 70 et 77% après quatre mois d’indemnisation.

En revanche, la France se distingue par le niveau de l’indemnité mensuelle maximale : elle atteint près de 4.900 € dans l’Hexagone mais seulement 2.900 en Allemagne, 2.800 en Grande Bretagne et 1.350 en Italie. Comme souvent, au nom de l’égalité, la France traite mieux ses cadres supérieurs !

Small business : l’Allemagne championne

Enfin, le gouverneur de la Banque de France estimait récemment que le pays faisait plus que ses voisins en faveur des petites entreprises. Là encore, cela ne se vérifie guère dans les chiffres.

Le fonds de solidarité français pour les TPE et les indépendants se monte à 7 milliards d’euros auxquels s’ajoutent 2 milliards ciblés sur les start up. En Allemagne, ces aides directes atteignent 50 milliards et au Royaume-Uni 18 milliards (15 milliards de livres). En revanche, l’Italie et l’Espagne ne soutiennent leur PME que via des reports d’impôts ou des crédits garantis.

Bref, à ce stade, il apparait que la France ne se distingue pas vraiment de ses voisins en matière de soutien à l’emploi et qu’elle est moins volontariste que les Allemands ou les Britanniques pour aider le « small business ».

Mais ce qui ressort avant tout, c’est que tous les pays d’Europe occidentale ont grosso-modo déployés ces deux derniers mois le même arsenal de mesures pour amortir le choc de la récession.

Pour un marché sensé être unifié, on peut déplorer l’absence d’une vraie coordination de ces mesures à l’échelle européenne. Signalons quand même que le nouveau plan européen d’aide aux régions défavorisées représente, avec 500 milliards d’euros, un soutien équivalent au cumul des financements mis en œuvre par les quatre premières économies d’Europe.


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