Malgré la bonne position des candidats écologistes en France à la veille des municipales, le parti EELV n’a pas progressé durant la pandémie. C’est la même chose dans tous les pays européens, où les Verts stagnent voire régressent, signalant ainsi la faiblesse de l’écologie politique.
Le confinement des populations imposé dans de nombreux pays de l’Europe à la suite de l’épidémie de Covid a mis clairement en lumière l’impact de l’activité humaine sur l’environnement et la pollution.
L’évidence que « rien ne sera plus comme avant » a remis en pleine actualité les préoccupations écologiques. En France, à la veille du second tour des élections municipales, les Verts paraissent ainsi en position favorable dans plusieurs grandes villes de France.
La pandémie révélateur de l’urgence écologique
Sans conteste, la crise du Covid 19 souligne la nécessité d’agir davantage en faveur de l’environnement.
Premièrement, à ceux qui doutaient encore, la mise en sommeil de l’activité économique et sociale a démontré la réalité de l’impact des comportements humains sur l’environnement.
Selon les évaluations du cabinet international Sia Partners citées par le quotidien « Les Echos », le ralentissement de l’activité en Europe en mars et avril a fait chuter de 58% les émissions quotidiennes de CO2, ce qui devrait se traduire par une diminution d’au moins 5% des émissions totales en 2020. Une contraction essentiellement due à la chute de la production d’énergie et à la forte baisse des transports publics ou individuels.
Deuxièmement, de très nombreux experts expliquent que la multiplication, ces dernières années, des pandémies est une conséquence des atteintes à l’équilibre environnemental et à la biodiversité que constituent la déforestation, l’élevage intensif, l’urbanisation et l’intensification des échanges. Tous ces facteurs favorisent la propagation des virus et la diminution des défenses immunitaires.
Enfin, de très nombreux « confinés » européens ont pris conscience des bienfaits d’une vie plus naturelle, plus calme et moins esclave d’un mode de consommation débridé.
Pas d’engouement pour le parti Vert en France…
Est-ce à dire que la pandémie est susceptible de bouleverser la donne politique en faveur des partis écologistes en France et dans l’ensemble de l’Europe ?
Il est vrai que dans plusieurs métropoles françaises, les listes conduites par Europe Ecologie Les Verts (EELV) sont en bonne position à la veille du second tour. Sans parler de Grenoble, acquise aux écologistes du maire sortant, les verts qui conduisent un rassemblement de la gauche sont en position de gagner à Marseille tandis qu’ils peuvent encore espérer l’emporter à Bordeaux, Lyon, voire Lille.
Cela dit, leur percée était déjà acquise au premier tour et la période de confinement n’a pas eu d’impact majeur sur leur cote électorale. Et surtout, rien ne permet de dire que le parti EELV a particulièrement le vent en poupe au plan national.
De fait, même si la France est le seul pays de l’Union à ne pas publier de sondages réguliers sur l’audience des partis politiques, les baromètres Ipsos sur la popularité des responsables politiques ne font état d’aucun « frémissement » de l’opinion en faveur du leader d’EELV Yannick Jadot.
Ce dernier a bien vu les « avis favorables » grimper de 15 à 25% entre janvier et mars mais il est retombé à 21% au mois de mai et les avis « défavorables » qu’il inspire ont tendance à augmenter pour atteindre 39% en mai.
Même le très populaire Nicolas Hulot (notre photo) continue de surfer sur la crête des 50% d’avis favorable sans que l’on puisse noter la moindre poussée par rapport à « l’avant Covid ».
… ni dans le reste de l’Europe
Cette réalité s’observe dans le reste de l’Europe. Dans les deux pays d’Europe continentale les plus touchés par le Covid, l’Italie et l’Espagne, il n’y aucune émergence des mouvements écologistes qui restent parfaitement confidentiels.
En Scandinavie, les Verts voient même les intentions de vote en leur faveur s’effriter par rapport à la fin de l’année dernière, notamment en Finlande où leur poids est le plus significatif et où ils passent de 14 à 12%.
Pour ce qui est des Pays-Bas, les « Groens » se situent autour de 14% depuis plus de neuf mois. Quant à la Belgique, elle ne voit ni les « écolos » wallons (à 13%) ni les « Groens » flamands (à 9%) progresser le moins du monde.
Reflux de l’audience des écologistes en Allemagne
Il en va de même dans les pays où les écologistes font traditionnellement des scores importants.
En Autriche, les « Grünen » sont bien passés de 16 à 18% des intentions de vote de décembre à mars mais ils sont revenus actuellement à 16%.
Quant aux Verts allemands qui culminaient à 26% il y a un an, ils ont reflué aujourd’hui jusqu’à 17%. On constate que presque tous les points acquis par les Chrétien démocrates de la chancelière Angela Merkel durant la crise du Covid l’ont été au détriment des intentions de vote en faveur des Verts.
L’écologie politique ne séduit pas
Le fait que les Verts n’aient nulle part en Europe profité de la crise du Covid semble traduire deux réalités.
D’une part, cela montre que toute l’écologie « environnementale », celle de la lutte contre la pollution, les déchets, les gaspillages est devenue une telle nécessité qu’elle a été intégrée par la plupart des grands partis de gouvernement. Et cela de façon crédible.
En revanche, l’écologie politique que prônent la plupart des partis verts, c’est-à-dire le basculement d’un système productiviste basé sur une consommation toujours croissante vers de nouveaux modes de vie beaucoup plus frugaux, a du mal à convaincre.
Au sortir du confinement, il semble bien que les Européens ne rêvent que de retrouver leurs distractions et fêtes habituelles et de partir en vacances le plus loin possible !