Les municipales ont donné aux écologistes alliés aux socialistes la direction de quatre des dix premières villes françaises, ce qui porte à huit les villes gérées par la gauche. Celle-ci domine également au Royaume-Uni, en Allemagne, en Italie et dans de nombreuses capitales d’Europe.
Après l’élection de l’écologiste Michèle Rubirola au fauteuil de maire de Marseille, les élections municipales françaises se soldent par une forte poussée des Verts et de la gauche socialiste dans les grandes villes françaises.
Si la droite reste nettement majoritaire parmi les maires des villes de plus de 20.000 habitants, elle perd en revanche sa prépondérance dans les agglomérations de plus de 100.000 habitants (15 sur 42).
France : huit des plus grandes villes sur dix à la gauche
La progression des Verts d’EELV est particulièrement significative puisque les maires de quatre des dix premières villes françaises – à Marseille, Lyon, Strasbourg et Bordeaux – sont issus du parti écologiste. Des candidats tous soutenu par le parti socialiste, voire l’ensemble de la gauche.
Au total, gauche et écologistes dirigent huit des dix plus grande ville, la droite ne conservant que Toulouse et Nice après la perte de Marseille et Bordeaux.
La droite recule également dans les dix villes suivantes et passe de 7 villes détenues à 4 puisqu’elle perd Villeurbanne au profit du PS et que les candidats réélus au Havre et à Angers ont quitté, avec l’avènement d’Emmanuel Macron, le parti LR pour se rapprocher de la formation présidentielle LREM.
Royaume-Uni : toutes les métropoles à gauche
Cette prédominance de la gauche dans les grandes villes se retrouve chez nos voisins. Elle est spectaculaire au Royaume-Uni : alors que le pays est dirigé par les conservateurs depuis dix ans, le parti travailliste dirige les conseils de 8 des 10 premières villes du royaume, notamment Londres (notre photo : Sadiq Khan, le maire travailliste de Londres), Birmingham, Manchester et Liverpool.
Et les villes qui échappent aux travaillistes, Glasgow et Edimbourg, ne sont pas pour autant aux mains de la droite. Car les deux grandes cités d’Ecosse ont à leur tête des élus du SNP, le parti national écossais, qui a toujours revendiqué sa sensibilité sociale-démocrate. Bref, outre-Manche, le parti au pouvoir est écarté de la gestion des grandes municipalités.
Allemagne : une seule ville pour la CDU
L’Allemagne est pratiquement dans la même situation. Car les chrétiens-démocrates de la CDU ne dirigent que la dixième ville du pays, Essen, la capitale de la Ruhr.
Le parti d’Angela Merkel participe néanmoins au gouvernement de Cologne, la troisième ville d’Allemagne, mais sous la responsabilité d’Henriette Reker, qui se revendique « indépendante », la CDU devant en outre s’entendre avec les Verts dans le cadre d’une coalition « vert-noir » comme on dit outre-Rhin.
Et puis la branche bavaroise de la CDU, la CSU, participe à une coalition avec les socio-démocrates du SPD à Munich sous la direction du maire SPD Dieter Reiter. Enfin à Francfort, sous la houlette du maire SPD Peter Feldmann, la CDU est engagée dans une coalition dite « kenyane » – par référence au drapeau noir-rouge-vert du Kenya – avec les socio-démocrates et les Verts.
Cinq autres municipalités allemandes sont encore dirigées par le SPD, seul comme à Leipzig ou Dortmund ou en coalition avec les Verts comme à Berlin et Hambourg. Et puis, à l’inverse, les Verts conduisent une telle coalition à Stuttgart.
Bref, 8 des 10 premières villes d’Allemagne, comme en France, ont un maire de gauche ou écolo.
Italie : trois villes au centre-droit
En Italie, la gauche domine également, mais de façon moins nette. Le Parti démocrate de centre-gauche conduit cinq municipalités, celles de Milan, Palerme, Bologne, Florence et Bari.
On peut y ajouter encore la ville de Naples dont le Maire, Luigi de Magistris, se réclame du parti qu’il a lui-même créé, « L’Italie des valeurs » et qui se classe au centre-gauche.
Quant à la capitale, Rome, on sait qu’elle est conduite depuis 2016 par Virginia Raggi, membre du mouvement anti-système 5 étoiles, toujours membre de l’actuelle coalition gouvernementale.
En somme, le centre droit ne peut revendiquer que 3 des 10 premières villes italiennes : Gènes, Catane et Venise.
Espagne : équilibre droite-gauche
En Espagne, on ne saurait affirmer en revanche que la gauche est dominante. Car le parti socialiste au pouvoir ne dirige que 3 villes sur 10 : Séville, Palma de Majorque et Las Palmas aux Canaries.
Mais on range parmi les « divers gauche » le maire de Valence tandis que la maire de Barcelone Ada Colau fait partie d’une gauche de la gauche de tendance très écolo. Pour ce qui est de la dixième ville du pays, Bilbao, dirigée par les nationalistes basques, elle peut se classer au centre.
Quant à la droite conservatrice du parti populaire, elle ne dirige que 4 villes : la capitale Madrid, Saragosse, Malaga et Murcie. Donc, en Espagne, gauche et droite s’équilibrent peu ou prou.
La majorité des capitales au centre-gauche
La tendance générale est très nette puisque sur les 50 villes examinées dans les cinq grands pays, 30 sont conduites par la gauche plus 5 qui le sont désormais par les écologistes grâce à leurs succès en France. En gros, les partis de droite ne totalisent qu’une dizaine de maires sur cinquante.
La domination de la gauche est tout aussi marquée si l’on considère maintenant les dix plus grandes métropoles d’Europe puisque sept d’entre elles sont à gauche, dont Vienne, Budapest et Bucarest. Et on peut encore y ajouter plusieurs capitales moins peuplées comme Bruxelles, Copenhague, Amsterdam et Lisbonne.
La réalité est donc manifeste : les électeurs des grandes villes européennes se classent désormais en grande majorité au centre-gauche et, surtout, ils expriment de plus en plus leur sensibilité écologique.