Au-delà du chantage politique de ces deux pays, le plan de relance illustre l'absence de coordination européenne face à la pandémie et la montée des populismes à l'Est. Les principes fondamentaux de l'Etat de droit sont au centre de ce bras de fer.
Depuis juillet dernier, l’Europe a mis au point un plan de relance et un budget pluriannuel attendus par de nombreux pays afin de répondre aux conséquences économiques de la pandémie de Covid-19. Le montant est de 1800 milliards d’euros sur sept ans. Or ce mécanisme conditionne l’accès aux fonds européens au respect de l’Etat de droit, un message direct à l’attention de plusieurs pays de l’Est qui ne garantissent pas l’indépendance de la justice et des médias, et qui ne luttent pas assez contre la corruption.
Or la Pologne et la Hongrie s’opposent à ce mécanisme et refusent tout lien entre l’argent européen et le respect des valeurs fondamentales de l’UE. Lundi 16 novembre, les deux pays ont opposé leur véto au plan de relance européen. Le porte-parole du gouvernement hongrois, Zoltàn Kovàcs, a déclaré : « Nous pensons que dans sa forme actuelle, il s’agit pour ainsi dire d’un chantage politique ».
Une nouvelle crise pour l’UE
Ces mesures de relance si attendues peuvent être adoptées sans un vote unanime. L’eurodéputé vert Daniel Freund dénonce ce blocage : « Le Premier ministre hongrois Viktor Orban prend l’Union et la réponse européenne la crise économique en otage. Et il le fait non pas pour une cause qui a du sens, mais pour continuer à accaparer des fonds européens qui servent ses intérêts personnels ».
Pour Daniel Freund, il faut conditionner ces aides à l’Etat de droit : » Nous voulons un mécanisme efficace qui lie la lutte contre la corruption et le respect des valeurs fondamentales afin d’avoir accès aux fonds de l’UE ». Mais cette situation de blocage handicape fortement les Etats les plus touchés par le coronavirus comme l’Italie et l’Espagne, qui ont besoin de cette enveloppe très rapidement.
