Au printemps dernier, la concurrence faisait rage entre Européens pour obtenir des masques ou des tests. Cette fois, une bonne coordination est au rendez-vous concernant les commandes de vaccins et les stratégies de vaccination. Même si quelques différences demeurent.
La campagne de vaccination contre le Covid 19 a officiellement débuté il y a deux jours au Royaume-Uni. Nos voisins britanniques sont en effet les premiers à avoir autorisé le vaccin anti-covid de la société Pfizer.
Les pays de l’UE vont devoir patienter un peu plus longtemps dans l’attente de la première autorisation que l’Agence européenne des médicament (EMA) devrait délivrer dans la deuxième quinzaine de décembre.
Une approche coordonnée
En matière de stratégie de vaccination, les Européens avancent-ils cette fois de manière coordonnée ?
On se souvient effectivement du grand cafouillage du printemps dernier, quand les Etats-membres se concurrençaient de façon presque indécente en matière de commandes de masques ou de test.
On a aussi constaté des divergences de stratégie importantes lorsqu’il s’est agi, cet automne, de faire face à la deuxième vague de la pandémie.
En revanche, et le fait mérite d’être souligné, le Conseil européen de la fin octobre a décidé qu’en matière de vaccination, les pays de l’Union joueraient « collectif ».
Cette fois, les appels d’offres pour les commandes de vaccin se font au niveau européen et, sous l’égide d’un comité de pilotage, les doses et le matériel médical sont répartis entre les Etats en fonction de leur population.
En outre, l’autorisation de mise sur le marché des vaccins émane exclusivement de l’Agence européenne des médicaments (EMA) sans que sa décision ait besoin d’être avalisée par les différentes agences nationales.
Des campagnes un peu décalées dans le temps
Pour autant, cette harmonisation européenne en matière de vaccination n’implique pas que toutes les campagnes vont démarrer en même temps.
Ainsi, le Royaume-Uni n’a pas attendu le feu vert de l’EMA pour se lancer alors que le pays reste pourtant soumis jusqu’au 1er janvier à la réglementation européenne.
L’Allemagne devrait lui emboiter le pas avant la fin décembre dès le feu vert de l’Agence et bon nombre de pays, dont la France, commenceront à vacciner dès le tout début de l’année 2021.
Toutefois, certains, comme la Suède ou l’Italie, ne devraient se mettre en marche que fin janvier.
Ces différences de « timing » s’expliquent en partie pour des raisons de mise en place des infrastructures de distribution. L’Allemagne, par exemple, s’est préparée très tôt.
Un autre facteur entre en jeu : celui du degré d’acceptation du vaccin par les populations est assez différent selon les pays.
Courants anti-vaccins et populisme
A cet égard, la population française se montre très réticente au vaccin. A peine plus d’un français sur deux est prêt à se faire vacciner, ce qui place à cet égard l’Hexagone au niveau de la Hongrie. Et la population italienne est également plutôt réticente avec 40% d’anti-vaccins.
Comment s’explique cette défiance importante ? Pour la France, des scandales comme celui du Mediator ou les commandes excessives de vaccins contre la grippe H1N1 en 2009 ont renforcé l’idée d’une collusion entre gouvernants et groupes pharmaceutiques.
La montée des thèses complotistes a renforcé cette croyance qui a trouvé des relais nombreux dans les formations politiques populistes ou anti-système, de gauche comme de droite.
Ce phénomène est également à l’œuvre en Italie où le populisme de la « Ligue » et surtout les anti-système du mouvement cinq étoiles accréditent largement les thèses anti-vaccins.
Ailleurs, la prégnance du populisme est également un vecteur important de méfiance comme l’illustre le cas de la Hongrie.
Le Britanniques très « pro-vax »
Ailleurs, l’acceptation des vaccins est bien plus large : 70% en Allemagne et en Espagne et jusqu’à 85% au Royaume-Uni.
Voilà pourquoi, outre-Manche, le programme de vaccination semble nettement plus rapide qu’ailleurs. Ainsi, le gouvernement britannique a annoncé que tous les citoyens sans distinction pourront se faire vacciner dès la fin janvier.
En France, cette population générale ne sera pas concernée, au plus tôt, avant le milieu du printemps.
Pas toujours les mêmes populations prioritaires
Sous l’impulsion de l’UE, les approches en matière de populations prioritaires pour recevoir le vaccin sont en gros harmonisées. Mais l’on note quelques petites différences.
En France, on va commencer par les personnes âgées résidant dans les Ehpad ainsi que par le personnel de santé de ces établissements.
C’est également le cas en Angleterre mais nos voisins vont également vacciner tout de suite l’ensemble des seniors de plus de 80 ans. En Italie, c’est le personnel de santé qui est prioritaire…
Centres de vaccination
Il existe d’autres différences dont l’une mérite d’être mentionnée.
Dans de nombreux pays, notamment en Allemagne mais aussi au Royaume-Uni ou en Espagne, on met en place des centres de vaccination spécifiques. Ils ont parfois de très fortes capacités : à Hambourg par exemple, le centre pourra vacciner 7000 personnes par jour.
Rien de tel en France où l’on mise avant tout sur la médecine de ville. Cela dit, les pouvoirs publics n’excluent pas, dans un second temps, la création de petits centres de vaccination dans les maisons médicales.