Aux Etats-Unis comme en Europe, le monopole des Gafam ne passe plus. Des sanctions importantes sont prévues pour forcer les géants du net à plus d'éthique et de transparence, mais ces derniers n'ont pas dit leur dernier mot et pourraient encourager les divisions européennes sur le sujet car les intérêts économiques sont importants.
Depuis hier, une coalition de 38 Etats américains a engagé des poursuites pour pratiques anticoncurrentielles à l’encontre Google, ce qui représente la troisième plainte déjà déposée pour des motifs similaires. « Depuis des décennies maintenant, Google se pose comme porte d’entrée de l’Internet et utilise nos données pour tuer ses compétiteurs et contrôler nos décisions » a expliqué un communiqué de la procureure générale l’Etat de New York, Letitia James.
Ce tournant historique est appuyé par l’initiative européenne à l’encontre des Gafam (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft). Depuis le 15 décembre, les commissaires au Marché Intérieur, Thierry Breton, et à la concurrence, Margrethe Vestager, ont présenté deux projets de règlement pour réduire les pratiques anticoncurrentielles des géants du numérique.
L’Europe veut agir en amont
« C’est la première fois en vingt ans que l’Europe s’attaque à la régulation de l’espace numérique et informationnel » a déclaré Thierry Breton aux Echos. L’initiative se déploie en deux textes. Le « Digital Services Act » se concentre sur la modération des contenus publiés sur les plateformes, afin de lutter notamment contre la haine en ligne, la désinformation, le partage des données et les arnaques. Les plateformes auront la responsabilité de garantir la sécurité de leurs utilisateurs.
Le second texte, le « Digital Market Act », s’attaque au problème de la concurrence. Les géants du numérique devront notifier toute acquisition en Europe car, ces dernières années, le secteur n’a cessé de se concentrer avec le rachat d’Instagram et de WhatsApp par Facebook, ou celui de YouTube par Google.
Est-ce suffisant pour faire plier les Gafam? Des sanctions financières importantes sont envisagées avec des amendes pouvant atteindre 10% du chiffre d’affaires. Ces deux règlement entreront en application après le vote du Parlement européen et l’accord des Etats membres dans dix-huit mois.