Après les premières déclarations victorieuses, les détails de l'accord trouvé le 24 décembre déçoivent les pêcheurs britanniques, pourtant mis en première ligne des négociations. Pire, le secteur financier n'a pas été intégré à l'accord malgré un lobbying intense de la part de la City. Paris, Luxembourg et Francfort espèrent en profiter.
C’était un des sujets du Brexit qui bloquait depuis le début : les négociations sur la pêche en mer du Nord étaient sensées protéger ce secteur économique si symbolique pour les Britanniques. Si l’accord commercial post-Brexit a été salué par toutes les parties, les pêcheurs et de nombreux Conservateurs outre-Manche sont désormais en colère envers le premier ministre Boris Johnson.
Ils espéraient moins de pêcheurs européens dans leurs eaux. Hélas, pour les cinq années à venir, les chalutiers français, belges ou espagnols seront là, même avec des quotas de pêche réduits de 25%. Les pêcheurs britanniques sont déçus et trahis. Boris Johnson s’était appuyé sur eux dans les négociations. Pourtant le secteur de la pêche représente moins de 0,1% du PIB britannique et ne rassemble que 12.000 personnes. Et selon Douglas McWilliams, du Centre for Economics and Bussiness Research : « Même si tous les poissons des eaux britanniques étaient attrapés par des pêcheurs britanniques, le poids de la pêche dans l’économie ne dépasserait pas O,05% ».
La City a été écartée du Brexit
A l’opposé, la City de Londres représente 7% du PIB et concerne 1,1 millions de salariés. Or, l’accord du jeudi 24 décembre ne concerne que la pêche et le commerce des marchandises. La City n’y apparaît pas du tout. Une incohérence politique soulevée par l’ancien premier ministre Tony Blair : « On vient de passer plusieurs mois à mettre l’essentiel de nos efforts dans la défense de notre pêche, qui représente une toute petite partie de notre économie, et à n’en mettre pratiquement aucun dans la finance, pour lequel nous sommes un leader mondial ».
Selon The Economist, « Mr Johnson a fait l’erreur de donner la priorité aux pêcheurs et aux industries, pourtant moins importants économiquement. Il n’y a rien dans l’accord sur les services financiers, le plus gros secteur exportateur du Royaume-Uni ». Et qui représente 80% de l’économie du pays.