Les ventes de véhicules électriques ont doublé en Europe en 2020 alors que le marché global se contractait d’un tiers. La France a rattrapé une bonne partie de son retard même si l’Allemagne reste le plus grand marché et les pays scandinaves les mieux équipés.
En ces temps de pandémie, les bonnes nouvelles ne sont pas si fréquentes. Il en est une, spectaculaire : dans un marché automobile européen global en baisse de 35% en 2020, les ventes de véhicules électriques ont été multipliées par deux !
Le résultat d’une triple conjonction : les aides publiques accrues par les plans de relance, les contraintes écologiques européennes renforcées, tout cela dans un contexte de prise de conscience écologique générale.
Plus d’un million de véhicules électriques immatriculés
Le décollage est incontestable. Sur huit millions de véhicules vendus en Europe l’an dernier (une baisse de 35% par rapport à 2019), plus d’un million sont des véhicules électriques rechargeables, qu’ils fonctionnent uniquement sur batterie ou qu’ils soient à propulsion hybride.
Cela représente 13% du marché, soit un doublement par rapport à 2019. Et la tendance ne fait que s’accélérer puisque, en moyenne, 75.000 voitures ont été vendues chaque mois entre janvier et août. Puis ce chiffre mensuel est passé à 150.000 durant les trois mois de septembre à novembre.
L’Allemagne leader, Suède et Norvège champions
La tendance est assez générale. Dans les grands pays – Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie – les ventes de véhicules électriques ont été multipliées par 2,5.
Mais tout le monde ne part pas du même niveau. En nombre, l’Allemagne reste le leader incontesté du marché avec 205.000 voitures électriques vendues au cours des neuf premiers mois de 2020.
Suivent assez loin – aux environs de 110.000 chacun – la France puis le Royaume-Uni. Mais l’Italie est bien plus en retard avec 30.000 véhicules, sans parler de l’Espagne qui dépasse de peu les 20.000.
Cela dit, si l’on tient compte de la population, les vrais champions de l’électrique restent la Norvège et la Suède dont les 15 millions d’habitants au total disposent de beaucoup plus de voitures électriques que les 67 millions de Français !
En 2020, la Norvège est le premier pays où les ventes de ces véhicules ont dépassé celles des voitures thermiques.
L’Hexagone n’est plus à la traine…
Il y a cinq ans, l’Hexagone apparaissait en retard mais ce n’est plus vraiment le cas. D’abord, à la différence de l’Allemagne ou de la Suède, la France vend plus de voitures purement électriques que d’hybrides. Il faut dire que le leader européen du tout électrique est la Renault Zoé.
… notamment grâce aux aides publiques
Et puis, les pouvoirs publics français se montrent particulièrement généreux en matière d’aides à l’achat d’une voiture propre.
Certes, si l’on considère uniquement les primes accordées pour l’achat d’un véhicule électrique, le bonus maximal de 7000 € dont peuvent bénéficier les Français est inférieur au 9000 € versés aux Allemands et pas beaucoup plus élevé que les 6000 € octroyés aux Italiens.
Mais les Français dont le revenu annuel n’excède pas un plafond désormais fixé à 18.000 € peuvent en outre bénéficier d’une « prime à la conversion » de 5000 € quand ils se débarrassent d’un véhicule polluant.
Enfin, les régions ajoutent souvent des subventions d’appoint. Au total un habitant d’Île de France remplissant toutes les conditions peut percevoir jusqu’à près de 16.000 € d’aides !
Autre facteur d’expansion de l’électrique, les constructeurs font également efforts. D’abord, la concurrence fait rage sur ce marché d’avenir. Et puis les constructeurs doivent respecter des normes européennes d’émissions de CO2 de plus en plus sévères. Le moyen le plus simple d’y parvenir est de vendre davantage de véhicules non polluants.
La question de l’autonomie des véhicules demeure
L’autonomie des véhicules ne cesse de progresser. Mais celle-ci est fonction du type de circulation, du climat, du vent…
Or, sur les modèles de base, l’autonomie minimale est encore réduite : 170 km pour une Renault Zoe, 225 pour une Peugeot 208 mais quand même 330 km pour une Volskswagen ID3.
Sans compter que cette question est à relier à l’équipement des territoires en bornes de recharge : plus de 50.000 aux Pays-Bas, 40.000 en Allemagne, 30.000 en France et seulement 9000 en Italie.
Et, sauf en Scandinavie, seulement 10 à 20% de ces bornes sont à charge rapide. Bref, tout cela est encore un peu juste pour traverser l’Europe de façon sereine !
Une bonne nouvelle très relative pour la planète
Cette poussée de l’électrique semble a priori une bonne nouvelle pour l’environnement. C’est vrai s’il s’agit de la pureté de l’air dans les pays développés.
Cependant, la « trace écologique » du véhicule électrique n’est pas moins sévère que celle du véhicule thermique. Car il faut tenir compte à la fois de la production électrique supplémentaire (pas forcément propre) nécessaire à l’alimentation des véhicules et surtout des dégâts écologiques et sociaux provoqués dans les pays en développement par l’extraction des métaux précieux utilisés pour les batteries…