l'Union européenne a signé au total six contrats avec des laboratoires pharmaceutiques et elle est en discussion avec deux autres, pour plus de 2,5 milliards de doses potentielles. Mais les industriels, en position de force, accumulent les retards de livraison.
Face à l’urgence de la vaccination, plusieurs pays de l’Union européenne, comme la Lituanie, n’ont toujours pas reçu leur quota de doses de vaccin et la frustration monte à la Commission européenne. Ursula von der Leyen rappelle que les bénéficiaires d’investissements doivent « tenir leurs promesses et honorer leurs obligations ». En effet, les annonces de retard de livraisons des vaccins AstraZeneca et Pfizer font craindre une baisse de 80% des disponibilités pour certains pays.
« L’Europe a investi des milliards pour développer les premiers vaccins et créer un véritable bien commun mondial. Maintenant, les entreprises doivent tenir leurs promesses » a-t-elle averti dans une intervention vidéo lors du Forum économique de Davos. De son côté, la commissaire à la Santé Stella Kyriakides, insiste sur la nécessité « d’un calendrier précis ».
Plusieurs pays font aussi pression pour que les livraisons soient uniformisées sur le continent. En Irlande, en Suède, en Norvège, les lots sont inférieurs de moitié à ce qui était prévu. L’Italie menace d’attaquer Pfizer en justice. Pour le dirigeant de la cellule de crise italienne pour la pandémie, Domenico Arcuri, « Nous pensons que Pfizer est actuellement en faute ». Même réaction du ministre autrichien de la Santé face à AstraZeneca : « Nous ne sommes pas disposés à l’accepter et on se battra ».
Les industriels en position de force
Comme souvent dans les situations d’urgence sanitaire, l’industrie pharmaceutique a du mal à assurer sa production et joue sur la demande. La transparence, mot d’ordre de la politique européenne sur le Covid, n’est toujours pas atteinte. « Ce que nous demandons à ces entreprises, c’est un dialogue transparent » a déclaré Charles Michel à plusieurs radios françaises.
Cette pénurie de produits risque de déstabiliser les plans nationaux de vaccination et d’accentuer la disparité entre les pays riches et les pays fragiles. Déjà, le ministre allemand de la Santé, Jens Spahn, s’est déclaré favorable à une restriction des exportations de vaccins produits dans l’UE : « Les vaccins quittant l’UE ont besoin d’une licence afin que nous sachions au moins ce qui est produit et ce qui quitte l’Europe ».
Ce qui revient à prioriser les vaccins produits en EU d’abord aux pays européens, une stratégie qui provoquerait un « échec moral catastrophique » si les pays riches accaparaient les vaccins au détriment des pays pauvres, selon le patron de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus.