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Vaccins : la pénurie s’installe en Europe

vendredi, 29 janvier, 2021 - 11:11

Les problèmes d'approvisionnement au niveau européen aggravent les disparités de distribution dans les pays. Les difficultés administratives nationales s'ajoutent à celles du processus d'achat et de répartition de l'Union européenne. La pénurie s'installe et suscite de nombreuses protestations de la part de l'opinion publique et des experts, fragilisant déjà la réputation des géants pharmaceutiques, incapables de répondre à la demande.

Les laboratoires pharmaceutiques ont annoncé des retards d’approvisionnement de vaccins, ce qui ébranle les stratégies européennes et nationales. Pfizer, en difficulté, pourrait être aidé par Pasteur pour faciliter la montée en production, Moderna ne pourra honorer que 25% des commandes en février et l’Union européenne se trouve dans un bras de fer avec AstraZeneca. La pénurie si redoutée s’installe sur le continent et à travers le monde.

En France, la vaccination est quasiment à l’arrêt et trois régions (île-de-France, Hauts de France et Bourgogne-Franche-Comté) ont choisi de privilégier les personnes ayant déjà reçu leur première injection. Mais c’est l’ensemble du pays qui doit retarder le calendrier initial, alors que se développe le virus mutant anglais. Les 800 centres de vaccination répartis sur le territoire ont été surbookés, ils sont désormais quasiment vides. Aucun nouveau rendez-vous ne pourra être pris avant le 15 février.

Le Portugal, très touché par l’épidémie de Covid, estime que la première phase de sa campagne de vaccination devra s’allonger de deux mois, alors que la moitié seulement des doses attendues pour le mois de mars sera livrée. L’Allemagne est contrainte de revoir ses prévisions et prévoit des lenteurs jusqu’en avril. « Nous allons avoir dix semaines difficiles au moins avec une pénurie de vaccins » a déclaré le ministre de la Santé Jens Spahn.

Tous les pays font face à l’impatience des populations : la Suède table sur une baisse de 25% des livraisons, la Norvège anticipe un manque de 18% des doses, le Danemark, qui est le pays à avoir vacciné le plus pour l’instant, doit réduire le rythme. Ces trois pays et les trois Etats baltes ont fait savoir à Bruxelles qu’ils « trouvaient la situation inacceptable ».

Une pluie de critiques pour Bruxelles 

Bien sûr, l’Union européenne a choisi de passer commande collectivement, et a ainsi pu négocier une baisse des prix des vaccins. L’Europe se devait d’intervenir afin de garantir une distribution équitable parmi les 27. Mais le choix de privilégier les candidats vaccins européens, louable économiquement, se retourne contre la Commission.  Pour l’économiste allemand Hans-Werner Sinn, « Quelle qu’en soit la raison, le grave retard dans la fourniture de vaccins en Europe est avéré. Alors qu’en juillet et en août dernier, les USA, le Royaume-Uni, le Japon et le Canada se bousculaient pour commander d’énormes quantités du vaccin de BioNTech, l’UE n’a d’abord passé ses commandes qu’auprès de Sanofi (société française) et d’AstraZeneca (suèdo-britannique), qui toutes deux, ont reconnu par la suite connaître des difficultés lors des essais cliniques ».

De plus, les Pays membres de l’Union ont beaucoup tergiversé. Pour Mr Sin, les lenteurs du processus de décision européen sont de la responsabilité de certains Etats membres qui ont hésité devant le prix du vaccin à ARN, ou qui se sont montrés sceptiques sur son efficacité.

Pour l’instant, le Royaume-Uni est en tête en Europe avec 7,6 millions de personnes, ce qui représente le volume total des vaccinations de l’Allemagne, l’Italie, la France et l’Espagne réunies. Malte est la deuxième dans le tableau des vaccinations pour 100.000 habitants, l’Islande est troisième et la Serbie quatrième. Viennent ensuite le Danemark, la Slovénie, l’Irlande et l’Espagne.


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