Mario Draghi se trouve être la seule personne capable de faire aujourd'hui l'unanimité, dans son pays comme à l'étranger. "Le "sauveur de Patrie", salué pour son rôle dans la crise de la dette de l'euro en 2021, dispose de l'autorité morale pour rassembler des partis politiques opposés dans une politique d'union nationale.
Une majorité d’Italiens n’a pas vraiment compris ce qui a motivé Giuseppe Conte, à la fin du mois de janvier, quand il a démissionné de son poste de Premier ministre. Cherchant à trouver un nouvelle majorité, son mandat n’aura finalement duré qu’un an, quatre mois et vingt jours, malgré une popularité toujours solide. Et la vacance du pouvoir, en pleine épidémie de Covid, a fortement inquiété Bruxelles et les marchés.
La réponse du président de la République, Sergio Mattarella, a été rapide. Le 3 février, en choisissant Mario Draghi, l’ex-président de la Banque centrale européenne (BCE), pour former un nouveau gouvernement, une nouvelle coalition s’est formée, largement majoritaire au Parlement. Le nouveau chef du gouvernement a prêté serment hier, après avoir réussi une alliance hétéroclite, allant du Parti démocrate (PD, centre gauche) à la Ligue d’extrême droite de Matteo Salvini, en passant par le parti de droite Forza Italia de Silvio Berlusconi – et surtout l’inclassable Mouvement 5 Etoiles (M5S).
Une habile sélection de ministres
Mario Draghi a fait le pari de créer un gouvernement composé de technocrates et de responsables politiques, sans faire appel aux leaders de ces formations. En bon gestionnaire de crise, Draghi a choisi des personnes compétentes, plutôt que des ténors. Daniele Franco, 67 ans, a été choisi pour diriger le ministère-clé de l’Economie. Un « super-ministère » de la transition écologique est annoncé, dirigé par un physicien de renom, Roberto Cingolani.
D’autres postes ont été confirmés, plus dans la continuité du gouvernement précédent. Luigi Di Maio, du Mouvement 5 Etoiles, hérite du poste de ministre des Affaires étrangères, la technocrate Luciana Lamirgese s’empare du ministère de l’Intérieur et Roberto Speranza, du petit Parti de gauche LEU, obtient la Santé.
Après une année 2021 qui a été catastrophique pour l’Italie, le retour de Mario Draghi sur le devant de la scène politique est vu comme un môment providentiel. Le pays a subi une des pires chutes du PIB de la zone euro, avec un plongeon de 8,9%. Sa première ambition est de faire en sorte que le pays soit éligible et prêt au moment du déblocage des 209 milliards de fonds européens, que Bruxelles devrait entériner au mois d’avril.
Mais le Premier ministre devra s’attaquer à la campagne vaccinale car seulement 1,2 millions personnes ont été vaccinées et les objectifs sont nombreux, comme s’attaquer à la bureaucratie er relancer l’économie à travers la transition écologique.