Alors que certains pays permettent de nouveau les visites de musées ou de monuments, d’autres maintiennent fermés leurs lieux culturels. C’est le cas de la France, où la pandémie ralentit moins qu’ailleurs, mais aussi de l’Allemagne et de l’Angleterre.
En réponse à la pression montante en faveur de la réouverture de certains lieux culturels, la ministre française de la culture déclare « s’y préparer » concernant les musées et les monuments.
Mais Roselyne Bachelot attend toujours pour agir des signes clairs d’une décrue de l’épidémie. Un certain nombre de pays voisins ont pourtant déjà enclenché cette reprise de l’activité culturelle.
Une trop lente décrue des contaminations en France
Il faut dire que tout le monde n’est pas logé à la même enseigne en matière en matière de décrue de l’épidémie. Et la France n’est pas bien lotie à cet égard.
Avec un niveau tournant encore autour de 15.000 nouvelles contaminations par jour, elle est devenue le pays européen où le virus circule le plus.
Depuis une quinzaine de jours, on assiste en effet à une forte décrue des contaminations dans des pays très sévèrement touchés ces dernières semaines comme le Royaume-Uni et l’Allemagne tandis que l’amélioration est indéniable en Italie et même, depuis peu, en Espagne. En France, la baisse des contaminations est très lente.
Des stratégies de réouvertures divergentes
Cela dit, la réouverture de certains lieux culturels ne semble pas être toujours fonction du recul de la pandémie. A cet égard, les stratégies nationales divergent complètement.
Contrairement à sa voisine autrichienne qui a ouvert ses musées le 8 février, l’Allemagne a prolongé jusqu’au 7 mars la fermeture des lieux culturels.
Outre-Manche, il faudra attendre au moins le début du printemps pour accéder aux lieux de culture. Il en est de même aux Pays-Bas mais pas en Belgique où les musées sont restés ouverts depuis début décembre.
Quant à l’Italie, le pays a rouvert certaines institutions culturelles dès le 18 janvier et d’autres sites – par exemple les musées du Vatican le Colisée à Rome – sont accessibles depuis le 1er février. Bien sûr, ces ouvertures sont assorties de protocoles sanitaires drastiques.
Espagne : la culture en libre accès
Quant à l’Espagne, elle fait figure d’exception puisque, depuis la fin du premier confinement du printemps, la plupart des régions ont fait le choix de maintenir ouverts les lieux de sociabilisation.
Si la situation des restaurants est variable, les salles de concert, les musées, les théâtres et même les cinémas restent en général ouverts.
Du moins une partie d’entre eux, ceux qui peuvent s’accommoder de recettes très restreintes par les contraintes sanitaires et horaires.
L’ouverture des cinémas est d’ailleurs un phénomène très rare en Europe du fait des restrictions de jauge, des horaires et également de l’accès très perturbé aux distributeurs de films.
Mais, en cherchant bien, on peut dénicher quelques cinémas ouverts en Finlande, en Hongrie ou en Suède.
Des plans de soutiens très inégaux
Une étude du cabinet d’audit financier EY mesure l’impact de la pandémie sur le secteur culturel européen. En 2020, la baisse d’un chiffre d’affaire global estimé à 643 milliards d’euros dépasserait les 30% mais avec des pointes à 90% sur certaines activités comme le spectacle vivant.
Face à ce cataclysme, les Etats ont bien sûr réagi pour venir au secours de la culture. En tête des pays pro-actifs, l’Allemagne qui a mobilisé, rien qu’au niveau fédéral, deux milliards d’euros d’aides spécifiques.
Et qui consacre des dizaines de milliards à soutenir les petites entreprises et les auto-entrepreneurs qui sont légion dans le secteur culturel.
En France, les financements mobilisés (5 à 7 milliards d’euros) viennent notamment abonder le système déjà très subventionné des intermittents du spectacle.
Ces deux nations apparaissent bien plus généreuses que leurs voisines.
Ainsi, les pouvoirs publics britanniques ont à ce jour fait état de financements ne dépassant guère 2 milliards d’euros, même si l’on sait qu’Outre Manche l’essentiel des soutiens aux métiers de l’art et des spectacles se fait sous forme de dons individuels ou canalisés par des fondations privées.
Ailleurs, en Belgique, en Italie et surtout en Espagne, les soutiens à la culture sont réduits, de l’ordre de quelques centaines de millions. Ce n’est pas un hasard si, dans ces pays, les restrictions à l’activité des acteurs culturels sont moindres…