L'europe veut faire pression sur les pays qui se montrent réticents à l'accueil des LGBT et aux réformes communautaires. Mais le recours de la Pologne et de la Hongrie devant la Cour de Justice de l'union européenne leur permettra de gagner du temps afin de préserver, pour l'instant, leur accès aux subventions de l'UE.
Depuis juillet 2020, l’Union européenne a refusé des subventions à six villes polonaises qui ont adopté des résolutions sur des « zones libres de toute idéologie LGBTQI ». C’est que le sujet est au centre des enjeux politiques dans un pays où les conservateurs au pouvoir, dans ce pays profondément catholique, utilisent une rhétorique anti-LGBT à des fins populistes. Après sa réélection, le président Andrzei Duda, a comparé « l’idéologie LGBT » au « néobolchévisme ».
La Pologne, comme la Hongrie, sont dans le collimateur de Bruxelles sur les questions d’Etat de droit et la Commission européenne cherche à faire plier les pays de l’est en conditionnant les aides à une cohérence européenne sur ces sujets, mais aussi sur l’immigration. Déjà, en septembre dernier, lors de son discours sur l’état de l’Union, la présidente Ursula von der Leyen avait tapé du poing sur la table et avait promis une stratégie visant à renforcer les droits LGBT. C’est ce qui a été fait, le 10 mars, avec le vote d’une résolution proclamant l’Union européenne »zone de liberté » pour les personnes LGBT.
Une déclaration symbolique
Il en faudra plus pour faire plier la Pologne et la Hongrie. Hier même, Budapest et Varsovie ont chacun saisi la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) pour contester le mécanisme de conditionnait le versement des fonds communautaires au respect des règles de l’Etat de droit. « L’UE n’a pas la compétence pour définir la notion d’Etat de droit » insiste le gouvernement polonais dans un communiqué publié hier. « Nous considérons que ce genre de solutions n’a pas de fondement dans les traités et qu’elle est une ingérence dans les compétences des Etats membres et viole la législation de l’Union européenne ».
Cette saisine permet à la Pologne et à la Hongrie de gagner du temps. La décision de la cour ne pourra pas être prise avant l’automne 2022 et les élections en Hongrie se dérouleront à la mi-2022. La Pologne pourrait être rattrapée par les sanctions avant les prochaines élections de 2023. Rappelons qu’en 2019, les fonds européens ont représenté environ 3,3% du produit national brut polonais, et 4,48%pour la Hongrie.