L'indépendance industrielle de l'Europe face à la production des vaccins et de leurs composants est un sujet central depuis le début de l'épidémie. Il en va de la capacité du continent à vacciner rapidement sa population, mais aussi de créer des sites sur place qui pourraient prendre en charge de nouveaux vaccins, au cas où de nouveaux variants du virus venaient à apparaître dans les mois à venir.
Lors de sa dernière allocation aux Français, Emmanuel Macron a promis que le vieux Continent serait bientôt un des premiers producteurs de vaccins dans le monde. Le directeur de l’OMS Europe, Hans Kluge, juge toutefois que « le rythme lent de la vaccination prolonge l’épidémie ». Il faut accélérer » la production en réduisant les obstacles de l’administration des vaccins et en utilisant la moindre dose que nous avons en stock. Le déploiement de ces vaccins est d’une lenteur intolérable ».
Avec 152 millions de doses administrées dans la zone Europe de l’OMS, qui comprend une cinquantaine de pays, dont la Russie et certains Etats d’Asie centrale, le rythme de vaccination par jour sur le continent est plus élevé que le reste du monde. Mais la production reste toujours inférieure à celle de la zone Etats-Unis/Canada. Plusieurs pays ont été obligés de décaler leur calendrier de vaccination à cause des retards de livraison. C’est le cas de la Suède et de l’Italie.
Développer de nouveaux sites de production
Le besoin de trouver de nouveaux sites est urgent, ainsi que des nouvelles lignes de production, afin d’augmenter le nombre des doses fabriquées en Europe. Il est de plus capital de péreniser ces sites au cas où de nouvelles vagues de l’épidémie se développeraient avec des nouveaux variants. Pour Thierry Breton, chargé du volet industriel de la stratégie européenne de vaccination contre le Covid-19, la coordination des pays est essentielle : « J’encourage les nombreuses entreprises participant au processus fabrications vaccins à tirer le meilleur parti des opportunités de mise en relation ».
Cinquante-trois sites de production ont ainsi été identifiés par Bruxelles. Le but est de faire en sorte que d’ici la fin de l’année, l’Europe soit en mesure de produire 3 milliards de doses par an, se libérant des délais souvent trop lents proposés par les laboratoires pharmaceutiques ayant obtenu une autorisation de mise sur le marché de leurs vaccins. Par exemple, AstraZeneca est récemment parvenu à livrer 30 millions de doses à l’Europe, alors que l’industriel de trouvait, en janvier dernier, dans l’incapacité à produire les 120 millions de vaccins prévus pour le premier trimestre 2021.
En France, l’échec de Sanofi, qui n’est pas parvenu à créer un vaccin national, a été ressenti avec déception. Sous la pression du gouvernement, le poids lourd français a annoncé qu’il allait conditionner les vaccins mis au point par un concurrent, celui de l’allemand BioNtech, associé à Pfizer. De juillet à la fin de l’année, 125 millions de doses devraient sortir de l’usine Sanofi à Frankfort, de quoi vacciner 12% de la population européenne.