La vague de froid qui a affecté de nombreuses régions agricoles en Europe est un des nombreux exemples du dérèglement climatique et devrait entraîner une réflexion sur des stratégies nouvelles dans le but d'améliorer la résilience du système agricole qui peine à se réformer.
Les aléas récents de la météo ont affecté une grande partie de la France, le gel ayant partiellement détruit une partie de la prochaine récolte des arboriculteurs et des vignes. Ces changements de température inhabituels se multiplient et le réchauffement climatique provoque des sécheresses qui ont triplé depuis le dernier demi-siècle. Une étude récente, publiée dans la revue Environnemental Research Letters, a cumulé les données météorologiques extrêmes (sécheresse, canicule, inondations, vague de froid) provenant de 28 pays (Union européenne + Royaume-Uni). Il en ressort que les sécheresses et les vagues de chaleur ont réduit la productivité de 2,2% de 1964 à 1990 et de 7,3% de 1991 à 2015.
Les sécheresses sont plus fréquentes, et plus intenses : « »Même si les rendements des cultures européennes ont augmenté de près de 150% entre 1964 et 2015, nous avons constaté que les sécheresses et les vagues de chaleur ont eu des conséquences plus graves au cours de la période la plus récente pour les différents types de culture » a résumé Terasa Bras, de Lisbonne, l’auteure principale de l’étude.
Des résultats plus inquiétants que prévus
Les chercheurs ne s’attendaient pas ce que les résultats de cette enquête soient « si graves », selon Jonas Jähermeyr, de l’Institut Goddard d’études spatiales à la Nasa. « Les céréales, une denrée de base qui occupe 65% de la surface cultivée de l’UE et qui est principalement utilisée pour l’animation animale, est la culture la plus sévèrement touchée. Nous avons contaté que pour chaque année marquée par un épisode de sécheresse, les pertes de céréales augmentent de 3% » a précisé Terasa Bras. Ce qui a un impact sur le marché agroalimentaire mondial et provoque une envolée des prix.
En France, la vague de froid de cette semaine a frappé 80% des vignobles français et une grande partie des fruitiers. Le gouvernement a décidé de déployer le régime de calamité agricole, qui permettra d’indemniser les agriculteurs qui ont subi une perte de récolte. La FNSA confirme : « Dans de nombreuses régions, du nord au sud et de l’est à l’ouest, les dégâts sont impressionnants chez les viticulteurs et chez les arboriculteurs. La détresse est grande aussi dans le monde des grandes cultures. Les impacts sur le colza, en pleine floraison, sont dramatiques, comme sur les semis de betteraves : de très nombreux planteurs vont devoir ressemer plus de la moitié de leur surface ».