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Population carcérale : la France à la traîne en Europe

dimanche, 11 avril, 2021 - 09:10

Alors que tous les pays de la zone euro cherchent à réduire le nombre de leurs prisonniers, la France a la population carcérale la plus élevée. La prise en charge des détenus, la préparation à la sortie, la prévention de la récidive sont mal assurée, et la situation sanitaire s'aggrave en temps d'épidémie.

Depuis dix ans, la majorité des pays européens cherchent à réduire la surpopulation carcérale, mais la France se trouve à l’opposé de ce mouvement. Elle incarcère davantage que ses voisins et les lois qui se succèdent pour développer des alternatives à la prison n’y font rien, d’autant plus que la construction de nouvelles maisons d’arrêt est en retard. La France fait partie, avec la Turquie, des cinq pays parmi les quarante-sept du Conseil de l’Europe afficher la densité carcérale la plus élevée (au-delà de 115% des capacités).

Le dernier rapport « Statistiques pénales annuelles du Conseil de l’Europe » (Space), révèle que « le taux global d’incarcération (c’est-à-dire le nombre de détenus pour 100 000 habitants) a continué de baisser légèrement en Europe en 2020, confirmant ainsi une tendance amorcée en 2013 ». Pourtant, au cours de la dernière décennie, le taux d’incarcération hexagonal ne s’est pas réduit, progressant même légèrement, passant de 103,5 personnes détenus pour 100.000 habitants en 2010 à 105,3 en 2020. Alors qu’il passait dans le même temps de 88 à 76 en Allemagne et 116 à 101 en Italie.

Les pays du nord de l’Europe ont des taux beaucoup moins élevés, entre 50 et 60 détenus pour 100.000 habitants, grâce à des alternatives à l’incarcération. Le Royaume-Uni et l’Espagne ont effectivement un taux d’incarcération plus élevé que la France (respectivement 138 et 123 détenus pour 100.000 habitants), mais leurs efforts déflationnistes sont efficaces avec une chute de 24% en dix ans pour l’Espagne et de 10% pour le Royaume-Uni.

Condamnée par la justice européenne

En janvier 2020, la Cour européenne des droits de l’homme a condamné la France après les plaintes déposées par une trentaine de détenus qui dénonçaient leurs conditions de détention. Les 32 plaignants des prisons de Nice, Nîmes, Fresnes, Ducos (Martinique) et Nuutania (Polynésie) ont obtenu que l’Europe demande à l’Etat français « d’envisager l’adoption de mesures générales visant à supprimer le surpeuplement et à améliorer les conditions matérielles de détention ». En effet, les détenus ont mis en avant un « traitement inhumain » dans ces cellules surpeuplées, sales, avec des matelas au sol (ils étaient 1497 à dormir par terre en 2019, contre 1353 l’année précédente). Le nombre de suicides est sept fois plus élevé en prison que dans un milieu libre.

La surpopulation carcérale en France est sans rapport avec la démographie ou l’évolution de la délinquance. 60% des détenus sont aujourd’hui dans une prison occupée à plus de 120% de ses capacités, et 30%d’entre eux s’entassent dans des établissements où la densité dépasse les 150%.


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