A travers l'Europe, des monuments s'élèvent pour commémorer les milliers de décès dus au Covid-19. En France, l'idée reste dans les cartons, retardant un deuil populaire nécessaire.
Comme toute catastrophe, la pandémie de Covid nécessite le souvenir, de plus en plus demandé par les familles des personnes décédées. Beaucoup n’ont pas pu accompagner les membres de leur famille lors de l’enterrement, et le deuil est difficile en ces temps de confinement. En France, alors que la barre des 100.000 décès a été dépassée, Emmanuel Macron a envoyé un message sur Twitter : « Depuis le début de la pandémie, cent mille Françaises et Français ont succombé au virus. Nous avons tous une pensée pour leurs familles, leurs proches, pour les enfants qui ont perdu un parent ou un grand-parent, les fratries endeuillées, les amitiés fauchées. (…) Nous n’oublierons aucun visage, aucun nom ».
Pourtant, Emmanuel Macron et le gouvernement ne se sont pas prononcés publiquement sur l’organisation d’une cérémonie d’hommage national aux victimes, prenant du retard sur les initiatives menées dans des pays proches. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, s’est prononcé il y a deux jours : « Evidemment qu’il y aura un temps d’hommage, de deuil pour les victimes de la Covid-19. Le président a déjà eu l’occasion d’en parler dans les conseils des ministres. Ce moment viendra ». Sans pouvoir indiquer l’instant de ce calendrier ni sa forme.
Le temps du mémorial
A Londres, une association de familles de victimes a déjà créé un mémorial sur des dizaines de mètres de mur gris le long de la Tamise, en plein centre de la ville. Des milliers de coeurs rouges y sont dessinés, pour rappeler, aussi, la responsabilité des élus dans cette crise sanitaire. Le National Covid Memorial Wall de la ville devrait s’étendre du Westminster Bridge, près de Big Ben et du Parlement, jusqu’à Lambeth Bridge, et devrait rassembler 150.000 coeurs rouges.
En Italie, au mois de mars, le Premier ministre Mario Draghi a commémoré à Bergamo, le premier anniversaire de l’épidémie et a inauguré une forêt en souvenir des 100.000 victimes italiennes. « Cette forêt ne contient pas seulement le souvenir de nombreuses victimes. Cet endroit est le symbole de la douleur d’une nation entière » a-t-il déclaré. En Espagne, une sculpture spontanée a été érigée dan un quartier de Valence et un piédestal noir accueille les roses devant le Palais Royal de Madrid.. En Autriche, la Colonne de la peste à Vienne sert déjà de rassemblement qui y déposent des bougies.