Plusieurs pays, très concernés par l'immigration illégale, ne comptabilisent pas les disparitions d'enfants et d'adolescents et l'échange de données entre les pays de l'UE reste inexistant à ce jour.
Depuis quelques années, le nombre de jeunes à la rue a progressé dans les grandes villes et les centres d’accueil ont de nombreuses difficultés pour les accueillir. Lost in Europe, une organisation de journalistes regroupant des professionnels de sept pays, a enquêté auprès d’une trentaine d’Etats, membres ou non de l’Union européenne (UE). Ils ont comptabilisé 18.292 mineurs étrangers disparus en l’espace de trois ans, entre 2018 et 2020. Ce nombre est probablement très sous-évalué car plusieurs pays, dont la France, ne collectent pas de données sur les disparition de jeunes migrants.
Il est donc très difficile de savoir ce qu’ils sont devenus. Certains parviennent à rejoindre des centres d’accueil, d’autres retrouvent un membre de leur famille, d’autres sont contraints au travail forcé afin de rembourser leur dette auprès de leurs passeurs. Mais le risque d’être prisonniers de groupes criminels, dont les réseaux de traite des êtres humains est réel. Plusieurs pays ont démantelé des filières de prostitution de jeunes Nigérianes.
Des disparitions qui suivent les routes de migration
Les pays qui sont les plus concernés se trouvent sur les routes de migration, comme la Grèce (2118 disparitions), l’Espagne (1889), et la Belgique (2642). mais c’est en Italie que le nombre de disparitions est le plus élevé avec 5775 cas recensés. Et en l’absence de statistiques en France, en Grande-Bretagne ou en Roumanie, des pays très touchés par l’immigration illégale, il est impossible de calculer l’ampleur du phénomène. D’autant plus que les échanges de données entre les pays de l’UE concernant ces jeunes sont presque inexistants.
La pandémie de Covid-19 a aggravé cette situation. Si le nombre de jeunes disparus a baissé en 2020, c’est surtout parce que l’enregistrement des groupes cibles et des disparitions s’est avérée plus compliqué. « L’Europe est capable de régler la question des compensations si votre avion est en retard, mais un enfant exploité devra, lui, se battre tout seul » déplore Kevin Hyland, membre du groupe d’experts du Conseil de l’Europe.