Dans un Portugal qui a su se montrer novateur dans ses réformes sociales, le sommet de Porto s'est surtout consacré aux relations commerciales avec l'Inde et à la discussion sur les brevets des vaccins Covid, qui n'a pas débouché sur un consensus.
Le week-end a été marqué par la réunion à Porto des dirigeants européens afin de faire face à la crise économique causée par la pandémie de Covid. Représentants de la société civile et syndicalistes étaient invités. Plusieurs sujets ont été abordés, comme les tensions avec la Russie et la proposition récente du président américain Joe Biden sur la levée des brevets sur les vaccins.
Sur le plan social, la Commission européenne veut faire approuver un « plan d’action », présenté début mars, afin d’augmenter de 78% le taux d’emploi, former chaque année au moins 60% des adultes et réduire de 15 millions le nombre de personnes menacées par la pauvreté ou l’exclusion sociale. Il s’agit aussi de lancer des chantiers législatifs qui pourraient mieux protéger les travailleurs des nouvelles plateformes numériques ou imposer une convergence vers le haut des salaires minimum dans l’Union européenne (UE).
C’est que la crise du Covid a ébranlé un équilibre social déjà fragile. Pour Olivier de Schutter, rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’homme, le plan d’action de l’UE « manque clairement d’ambition » avec 700.000 personnes qui dorment à la rue en Europe tous les soirs et plus de 20 millions de travailleurs pauvres, affectés par le travail précaire et la baisse des salaires au nom de la compétitivité. Sur place, plusieurs milliers de manifestants ont signifié leur déception suite à un sommet qui devait rassurer les travailleurs. « Il faut lutter contre cette politique des bas salaires, de précarité et de détérioration des services publics » a déclaré Isabel Camarinha, de la Confédération des travailleurs portugais (CGTP).
Pas de consensus sur la levée des brevets, avancées avec l’Inde
Cette question présente de nombreux problèmes légaux et juridiques et, pour l’instant, l’UE aimerait avoir des « propositions concrètes » de la part de Washington. « Sur la question de la propriété intellectuelle, nous ne pensons pas que, à court terme, cela puisse être une solution magique » a déclaré le président du conseil, Charles Michel. L’Allemagne traîne des pieds et la France n’a pas de position claire. Emmanuel Macron a préféré insister sur « les interdictions à l’export des Etats-Unis, non seulement des vaccins, mais aussi des composants de ces vaccins qui émpèchent la production ». « La clé pour produire plus vite des vaccins pour les pays pauvres et les pays intermédiaires, c’est de produire plus : lever les interdictions à l’export ».
L’UE a profité du sommet de Porto pour reprendre les négociations lancées en 2007 sur un accord de libre échange avec l’Inde qui avaient été suspendues en 2013. Après huit années, un dialogue est plus que nécessaire sur les droits de l’homme en Inde, pays de plus en plus troublé par des divisions religieuses et communautaires. Le Premier ministre portugais Antonio Costa a insisté sur l’importance de ce rapprochement, « au moment où l’Inde vit une situation dramatique ».