A l’heure où les plans de relance nationaux sont présentés à Bruxelles, un premier bilan économique d’un an de Covid apporte des surprises. La France est le seul pays à voir son PIB s’accroître entre les premiers trimestres 2020 et 2021. L’Italie, l’Espagne et même l’Allemagne enregistrent une croissance négative.
Après avoir mis en œuvre, au printemps dernier, des mesures de soutien à leurs économies durement frappées par la pandémie, les pays européens se mettent désormais à l’heure de la relance.
En s’appuyant sur l’ambitieux plan européen de 750 milliards d’euros, il s’agit pour eux non seulement de remettre leurs économies sur les rails de la croissance mais aussi et surtout de les restructurer afin de répondre aux défis des décennies à venir.
A cet égard, les mesures annoncées par les principaux Etats-membres sont d’une ampleur inégale tandis que la publication des premiers indicateurs mesurant l’impact d’un an de Covid nous réserve quelques surprises.
Les dernières statistiques européennes disponibles nous permettent de mesurer l’impact de la pandémie et elles éclairent d’un jour nouveau celles qui portaient sur les comparaisons entre 2019 et 2020.
Allemagne – 3%, Italie – 1,4%, France + 1,5%
Ainsi, en comparant les PIB du premier trimestre 2021 à celui de 2020, on s’aperçoit que les différentes économies sont assez diversement touchées.
Au printemps de l’an dernier, l’activité en Allemagne avait chuté moins brutalement qu’ailleurs. Mais, sur un an, l’économie germanique accuse un recul de 3%.
Un recul certes moins marqué qu’en Espagne où il atteint 4,3% mais deux fois plus fort – et c’est une surprise – qu’en Italie.
Autre grande surprise : à la différence de toutes les autres économies grandes ou moyennes de l’Union, la France enregistre une croissance de 1,5% de son produit intérieur brut !
Timing favorable des confinements dans l’Hexagone
La principale explication se trouve dans le « timing » des confinements.
La fin des restrictions de mai à octobre 2020 a en partie sauvé la saison touristique dans l’Hexagone.
Mais surtout, la levée partielle des mesures entre décembre 2020 et mars 2021 a permis un fort rebond de la consommation au moment des fêtes en France, ce qui n’a pas été le cas en Allemagne.
Pour ce qui est de l’Italie, des restrictions plus sévères qu’en France ont davantage pesé sur la croissance tandis que l’Espagne, plus laxiste, ne s’est pas relevé de son plongeon abyssal (- 18% !) du printemps 2020.
La spécificité française devrait cependant s’atténuer au deuxième trimestre 2021 du fait des nouvelles restrictions.
Explosion du chômage en Italie, pas en France
Les statistiques du chômage confirment en partie ce tableau.
Si l’on compare l’évolution sur un an du nombre de chômeurs, on voit qu’il s’est accru de 300.000 personnes en Allemagne mais de moins de 150.000 en France, certainement grâce à l’ampleur du chômage partiel.
En revanche, bénéficiant de mesures de soutien plus modestes, l’emploi a plongé en Italie où la hausse du chômage dépasse 650.000 personnes.
Un autre pays affiche de mauvais résultats : c’est la Suède, avec 100.000 chômeurs de plus pour une population de 10 millions d’habitants.
Plans de relance massifs au sud de l’Europe
Dans ce contexte disparate, on constate par ailleurs que l’ampleur des plans de relance diffèrent beaucoup selon les pays.
L’Union européenne a mobilisé au total quelques 390 milliards d’euros de subventions et 360 milliards de prêts.
Etant donné que l’Espagne et surtout l’Italie ont, du fait de leurs fragilités financières structurelles, un accès plus difficile au marché des capitaux, l’Union leur a offert la possibilité d’emprunter massivement par son intermédiaire.
Du coup, en y ajoutant les subventions, les aides européennes à la relance sont très élevées dans ces deux pays : 191 milliards d’euros pour l’Italie, 140 pour l’Espagne.
C’est sans commune mesure avec ce que doivent recevoir la France – 40 milliards – et l’Allemagne – 25. Cela dit, France et Allemagne mobilisent des financements nationaux bien plus conséquents et leurs mesures de relance totalisent quand même 100 et 130 milliards d’euros respectivement.
Reste qu’en additionnant financements nationaux et soutien européen, les mesures de relance sont de l’ordre de 4% du PIB annuel en Allemagne et en France contre 12,5% en Italie et même plus de 15% en Espagne.
Fortes réformes structurelles en Italie
L’Europe pose toutefois des conditions pour accorder son aide. Entre autres, celle d’employer au moins 37% des financements européens à la transition écologique. Ce que respectent tous les pays qui y consacrent environ 40% de leurs soutiens. En France, 50% de l’aide européenne va à l’économie verte.
Mais l’Europe demande aussi que soient menées des politiques structurelles afin que la sortie de crise débouche sur des économies plus équilibrées.
A cet égard, les engagements de l’Italie sont particulièrement importants : 40% des fonds alloués bénéficieront au Mezzogiorno et le pays s’est engagé à moderniser son administration, à simplifier sa fiscalité, à favoriser la concurrence et à améliorer le fonctionnement de sa justice.
En comparaison, les engagements de la France sont plus vagues (on évoque la réforme de l’assurance-chômage) et paraissent beaucoup plus modestes.