Pour des raisons historiques, l'Europe ne parvient pas à influencer le conflit entre Israël et la Palestine. Le cessez-le-feu qui vient d'être signé peut être mis au crédit du président américain Joe Biden, lui-même lié en tant que principal soutien à une très grande prudence tant la région est explosive.
Après onze jours de violences entre Israéliens et Palestiens, un cessez-le-feu a été déclaré cette nuit entre le Hamas et le gouvernement israélien, grâce à l’action du Président américain, Joe Biden. 230 Palestiniens ont trouvé la mort, et de nombreuses destructions ont causé beaucoup de blessés, provoquant de nombreuses manifestations de soutien à travers le monde. Le conseil de sécurité de l’ONU n’est pas parvenu à se dégager des blocages habituels. De son côté, la Turquie tente de s’imposer comme médiateur, tout en affichant son soutien au peuple palestinien. La France, elle, cherche à encourager l’Egypte comme intermédiaire, sans succès.
L’Union européenne est le premier partenaire commercial d’Israël, avec, entre 2017 et 2020, une enveloppe de 1,28 milliards d’euros en faveur des Palestiniens pour financer l’Etat de droit et la justice. Mais cette aide est loin d’être aussi convaincante que celle de Washington pour Israël, qui reste le principal interlocuteur de Tel Aviv. « L’Union européenne n’est pas parvenue à transformer ses liens économiques en un levier politique » déclare Martin Konecky du European Middle East Project.
L’Europe impuissante et divisée
Les ministres européens des affaires étrangères, qui se sont réunis le 18 mai, avaient formulé des demandes élémentaires pour mettre fin à l’escalade de violence : cessez-le-feu, protection des civils, aide humanitaire à Gaza, droit d’Israël à se défendre « mais en respectant le droit humanitaire international ». Pourtant, La Hongrie a refusé de signer l’appel et d’autres, comme la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie, l’ont fait du bout des lèvres. Selon Budapest, la position de l’Europe serait « partiale et déséquilibrée ».
« C’est très grave. Nous ne sommes même pas capables, en tant qu’Union, d’appuyer un appel du secrétaire général de l’ONU à la fin des hostilités. Nous voulons être un acteur global ? Faisons attention de ne plus pouvoir jouer aucun rôle demain », avertit le ministre luxembourgeois, Jean Asselborn. Pour des raisons historiques, les leaders européens comme l’Allemagne et la France ne peuvent faire office de pression sur la politique israélienne concernant les territoires occupés. Car les violences actuelles ont débuté suite aux évictions de Palestiniens de leurs maisons à Jerusalem Est, dans le quartier de Cheikh Jarrah. Les bombardements de centres de vaccination à Gaza accentuent en outre les critiques sur l’accès aux soins en période d’épidémie, alimentant les critiques sur la politique discriminatoire des Israéliens.
Envoyé spécial de l’UE dans la région, l’ancien député néerlandais Sven Koopmans, est chargé de s’attaquer « aux racines du conflit ». Mais sans consensus, et sans coordination américaine, cet espoir a peu de chance d’avancer. « C’est presque pathétique. En réalité, nous ne disposons d’aucun plan précis pour atteindre notre objectif, nous sommes totalement passifs depuis des années » résume un diplomate.