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La nouvelle politique agricole commune (PAC) peine à se verdir

dimanche, 30 mai, 2021 - 14:43

Le bras de fer se prolonge à Bruxelles entre le Parlement, favorable au nouveau modèle de production, plus respectueux de l'écologie, et les Etats qui défendent les grands producteurs agricoles. Les discussions sont repoussées au mois de juin.

La réforme de la PAC a été approuvée par les Vingt-Sept en octobre 2020, avec un budget de 387 milliards d’euros pour sept ans, dont 270 milliards d’aides directes aux agriculteurs, mais un accord doit être impérativement trouvé avec le Parlement européen. Or, après trois jours de négociations, les eurodéputés et les Etats membres de l’Union européenne (UE) ne sont pas parvenus à trouver un consensus, surtout sur les sujets environnementaux et sociaux.

Ce sont les « écorégimes », ces primes accordées aux agriculteurs qui s’engagent à « verdir » leur activité, qui font office de blocage entre les eurodéputés et les Etats qui veulent garder une plus grande liberté face aux enjeux écologistes : Pacte vert, objectifs de culture bio, réduction chiffrée des pesticides, etc. D’un côté le Parlement qui veut s’assurer que ces primes pourront aider l’agriculture européenne afin de changer de modèle, de l’autre les Etats qui soutiennent le lobby des grands agriculteurs, principaux bénéficiaires des aides. En France, le ministère de l’agriculture doit répartir entre les agriculteurs les 9 milliards d’euros d’aide de la prochaine PAC, qui s’appliquera au 1er janvier 2023.

L’exemple criant de l’agriculture britannique

Si le Royaume-Uni ne fait plus partie de la communauté européenne depuis le Brexit, son agriculture souffre des mêmes maux : 100.000 petites fermes familiales ont disparu depuis 1990. Or, ce sont ces petites structures qui sont le plus à même de changer de modèle économique dans l’effort écologique, tout en commercialisant des produits locaux. La disparition des fermes familiales encourage la multiplication des grandes entreprises bovines, qui ont rarement l’intention de se plier aux nouvelles exigences de la PAC, comme la plantation d’arbres et la création de zones de vie sauvage entre les parcelles. En France, par exemple, 34% des petites fermes laitières ont disparu entre 2005 et 2016. Durant la même période, l’Estonie a perdu 62% de ces fermes et la Bulgarie 72%.

Ce mouvement de concentration s’applique à tous les secteurs d’élevage comme la volaille, les moutons ou les cochons. Pourtant, les critiques s’élèvent de plus en plus sur les mauvaises conditions d’élevage de ces animaux, qui sont désormais la source d’épidémies importantes. En France aussi, le ministère de l’agriculture se trouve face au mécontentement des confédérations paysannes qui critiquent un modèle économique « à bout de souffle » et qui dénoncent un « simulacre négociation ».


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