l'Union européenne peine à trouver la pression adéquate pour influencer la politique anti-LGBT de Viktor Orban et les limitations à la liberté de la presse. Si rien n'est fait, la Cour de justice pourrait être saisie.
L’escalade homophobe du parti de Viktor Orban a atteint un nouveau niveau avec l’adoption, mardi 15 juin, du texte de loi interdisant la « promotion l’homosexualité » auprès des mineurs. L’amendement a été approuvé par 157 députés sur 199. La veille, 5000 personnes ont manifesté à Budapest pour défendre les droits des personnes LGBT, mais la Hongrie poursuit son rapprochement avec la politique de Vladimir Poutine. La Russie punit tout acte de « propagande homosexuelle » destinée aux plus jeunes.
Ces lois, qui sont approuvées sous couvert de lutte contre la pédophilie, sont critiquées par les associations et les ONG comme Amnesty International en Hongrie, dont le directeur David Vig : « Ces propositions vont stigmatiser davantage les LGBT, les exposant à une plus grande discrimination dans ce qui est déjà un environnement hostile ».
Les conséquences paraissent irrationnelles : de nombreux films seront interdits, pourtant figurant dans la culture générale, comme « Briget Jones », « Billy Eliot » ou la série « Friends », dans lesquels les références à l’homosexualité sont courantes.
L’UE peine à imposer la tolérance en Hongrie
L’année dernière, la Hongrie a déjà rendu impossible l’adoption par les couples de même sexe et interdit l’inscription du changement de genre à l’état-civil. Ensuite, la Constitution a été modifiée pour renforcer le mariage hétérosexuel. Pour Flora Bolter, co-directrice de l’observatoire LGBT de la Fondation Jean Jaurès, ces mesures sont « antithétiques avec tous les engagements de la Hongrie auprès de l’Union européenne en matière de droits humains et de lutte contre les discriminations ». La Hongrie a rejoint l’UE en 2004, mais on assiste à la mise en place dun axe, à l’est de l’Europe, qui s’inspire du modèle russe, également présent en Roumanie et en Pologne.
La Commission européenne fait pression sur la Hongrie, conditionnant l’octroi des fonds européens au respect de l’état de droit. La menace d’un plan de relance qui exclurait la Hongrie et la Pologne est réelle, mais les eurodéputés voudraient des mesures de rétorsion plus rapides. Sylvia Spurek (Verts, Pologne) s’insurge : « Il est temps que l’UE réponde à une question : sur quelles valeurs s’appuie-t-elle ? Le respect des droits de l’homme ou seulement les autoroutes ? Quels sont nos fondamentaux ? L’égalité, la dignité de tous ou la PAC ? Que voulons-nous défendre ? Les femmes victimes de violence ou seulement l’économie en cas de crise ? La Commission européenne, en tant que gardienne des traités, doit lutter pour l’état de droit ».