C’est un baccalauréat réduit à deux épreuves que les lycéens français viennent de passer. Un examen aux règles assouplies qui favorise l’obtention du diplôme. C’est également le cas en Italie et en Espagne mais l’Allemagne n’a pas modifié l’organisation de l’Abitur.
Après l’épreuve écrite de philosophie jeudi dernier (notre photo), les lycéens français ont passé ce lundi leur grand oral.
Ce sont les deux seules épreuves maintenues de ce baccalauréat 2021 qui inaugure cette année sa nouvelle formule dans le contexte difficile de la pandémie de Covid.
Déjà l’an dernier, la pandémie avait conduit à annuler toutes les épreuves finales du bac et à ne retenir que les notes obtenues en contrôle continu.
Les résultats particulièrement brillants de cette « cuvée » 2020 conduisent d’ailleurs à s’interroger sur la valeur de ces examens de fin d’étude secondaire dans le contexte actuel.
Car le Bac 2021 se déroule sous une forme très simplifiée au regard de ce qui était prévu par la réforme entrée en vigueur cette année.
Un taux de réussite exceptionnel en 2020
Pour le Bac général et technologique, non seulement les deux épreuves écrites de spécialité ont été supprimées au profit du contrôle continu mais l’épreuve écrite de philosophie propose aux candidats quatre sujets au lieu de trois dont la note finale ne sera retenue que si elle est meilleure que celle obtenue en contrôle continu.
Avec l’épreuve du grand oral, organisée pour la première fois cette année, l’examen du Bac proprement dit ne contribuera au plus qu’à 18% de la notation finale, les 82% restants relevant du contrôle continu contre 40% initialement prévus. On n’est pas loin du Bac 2020…
Ce dernier s’était soldé un taux de réussite exceptionnel. Car le Bac général de l’an dernier avait vu 98,4% des candidats obtenir le diplôme contre 91% en 2019 tandis que le bac technologique affichait un taux de réussite de 95,7% contre 88% l’année précédente. A l’évidence, le Covid a conduit à organiser un examen moins sélectif.
L’Allemagne ne change rien
Ce n’est pas le cas en Allemagne. Le pays a maintenu, comme l’an dernier, toute la rigueur de l’Abitur, cet examen écrit et oral correspondant à notre Bac général et portant sur cinq matières choisies par l’élève.
Mais, comme les années précédentes, l’Abitur n’entre que pour 30% dans la note finale, les 70% restant résultant des contrôles effectués au cours des deux dernières années d’études.
Malgré les débats soulevés dans plusieurs landër, les autorités fédérales ont décidé d’organiser toutes les épreuves de manière à ne pas dévaloriser le diplôme sur le marché du travail. D’ailleurs, contrairement à la France, le taux de réussite de l’Abitur 2020 – 96,4% – a été inférieur à ce qu’il était auparavant !
Royaume-Uni : pas d’épreuves finales pour le « A-level »
Outre-Manche, c’est l’inverse de l’Allemagne. Toutes les épreuves de fin d’année du « A-Level » ont été supprimées comme en 2020 au bénéfice du seul contrôle continu.
Mais, au Royaume-Uni, impossible d’évaluer le taux de réussite au diplôme puisqu’il s’agit en fait d’un système de notation multiple ouvrant un accès à telle ou telle université qui sélectionne l’étudiant en fonction des notes obtenues.
Italie : le Covid accélère la réforme
L’exemple italien est intéressant puisque, pour la deuxième année consécutive, l’ « Esame di stato », l’ancienne « Maturità », ne consiste plus qu’en un seul maxi grand-oral d’une heure représentant 40% de la note finale.
Et cette innovation due à la pandémie est appelée à perdurer en 2022, pérennisant ainsi la réforme.
Reste que l’épreuve 2020 est apparue encore plus « laxiste » qu’en France puisque 99,5% des candidats ont obtenu le diplôme…
Aménagements en Espagne
Le système espagnol est double. Le « Bachillerato » est un système de contrôle continu qui sanctionne la fin des études secondaires.
Mais pour rentrer à l’université, il faut réussir de surcroit la « Selectividad », examen en deux phases ramenées à une seule à cause du Covid et dont les questions sont partiellement choisies par l’étudiant depuis l’an dernier.
Compte tenu de la fermeture des établissements scolaires au printemps 2020, les notations ont manifestement été assouplies l’an dernier puisque le taux d’obtention du Bachillerato est passé de 80% en 2019 à 90% en 2020.
Donc, en Espagne comme en France et en Italie, la pandémie a facilité l’obtention du diplôme en 2020 et il devrait en aller de même cette année.